José Luis Cuevas

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Mexique

Né en 1973, José Luis Cuevas vit et travaille à Mexico. Après des études de marketing et de création publicitaire à l’Universitad de la Communicación de Mexico, il se consacre exclusivement à la photographie et fréquente les ateliers du Centro de la Imagen de Mexico où il côtoie de grands photographes tels que Graciela Iturbide, Cristina García Rodero, Charles Harbutt ou encore Arthur Tress. Il est aujourd’hui directeur du Gimnasio de Arte y Cultura, une pépinière d’artistes créée en 2007 à Mexico. Les travaux de José Luis Cuevas ont fait l’objet de nombreuses expositions au Mexique et dans le monde : DongGang Museum of Photography, Corée du Sud (2016) ; Festival Arles Voies-off, France (2015) ; Noorderlicht Photofestival, Pays-Bas (2014) ; Somerset House London, Grande-Bretagne (2011)… Sa série Nueva Era, exposée dans le cadre de l’édition 2013 de la biennale photographique Photoquai a été publiée chez RM Editorial en 2016 et a fait l’objet d’une exposition personnelle au Centro de la Imagen de Mexico en octobre 2017.

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A kind of chronic disease

Résidences photographiques 2017

Prix Nobel de littérature en 1994, celui que l’on surnomme « l’enfant terrible de la littérature japonaise » a construit son œuvre poétique autour de la catastrophe nucléaire d’Hiroshima et de son fils, né avec des graves dommages cérébraux. Kenzaburo Oé a créé un univers où la fiction se confond avec sa propre histoire de manière difficilement discernable afin de donner à voir la violence de l’humanité.

Développé à partir de thématiques, personnages, images et idées relevées lors de ses différentes lectures et relectures du poète japonais, le projet photographique de José Luis Cuevas est une libre interprétation visuelle de l’univers narratif, esthétique, philosophique et social de Kenzaburo Oé. Selon José Luis Cuevas, l’œuvre de Kenzaburo Oé présente de nombreux points communs avec les thématiques développées dans ses précédents projets photographiques : la fragilité à la fois physique et psychique de l’être humain et la nécessité d’une renaissance spirituelle. Tout l’enjeu de son projet réside donc dans la quête d’un équilibre entre sa propre subjectivité, l’esthétique de l’auteur et la réalité du Japon contemporain.

Conformément aux objectifs de son projet de résidence, l’artiste a visité différents lieux représentatifs de l’œuvre et de la vie de l’écrivain Kenzaburo Oé dans la région de Tokyo, Fukushima, Shikoku et Hiroshima. La région de Nagasaki qu’il était initialement question de visiter a finalement été écartée en faveur de la région de Fukushima, préférée en raison de sa pertinence au regard du sujet traité.

Le résultat de ce travail est une série de 67 images composée de portraits féminins et masculins, jeunes et âgés, paysages urbains, industriels et ruraux ainsi que de zones résidentielles touchées par les radiations. Ces prises de vues incluent des objets, animaux, espaces et situations diverses qui dressent un portrait narratif du Japon contemporain du point de vue d’un étranger à partir des mots de l’écrivain Kenzaburo Oé.

« Ce que je nomme « ambiguïté » dans mon discours n’est autre qu’une sorte de maladie chronique qui prévaut tout au long de l’ère moderne du Japon.
La grande prospérité économique du Japon — qui, il est vrai, présente des germes de risque de toutes sortes par rapport au reste de l’économie mondiale et à la sauvegarde de l’environnement — a accéléré l’ambiguïté que les Japonais n’avaient cessé de nourrir comme une maladie chronique durant toute sa modernisation, en lui donnant un nouvel aspect. N’est-ce pas plus évident à l’œil critique des observateurs internationaux qu’à notre propre conscience ? Cela vous paraîtra peut-être curieux, mais les Japonais, pas plus qu’ils n’ont perdu tout espoir de renouveau, en supportant la misère absolue de la période d’après-guerre, ne reculent devant une inquiétude gigantesque face à l'avenir lorsqu’ils l’envisagent du fond de cette étrange prospérité qui est la leur à présent. […] C’est sur le mode du cataclysmique que s’est construit le Japon en tant que nation moderne à l’image de l’Occident. »
(Extrait de Moi, d’un Japon ambigu, K. Oé - discours du prix Nobel, 7 décembre 1994)

Le titre A kind of chronicle disease a remplacé le titre original du projet Kenzaburo, this is also a personal matter, en référence à cette définition du Japon dont Kenzaburo Oé est à la fois l’auteur et le témoin et conformément au résultat du travail photographique issu de la résidence de José Luis Cuevas. Les images produites par le photographe évoquent en effet un Japon désolé et raréfié, dont la prospérité et la modernité sont hantées d’une part par les terribles échos d’un passé distant et d’autre part par une histoire nucléaire récente. Elles dressent un portrait du Japon dont les principaux traits dépassent le concept même de « monstruosité » soulevé par Kenzaburo Oé dans son œuvre, rendant compte d’une inquiétude inhérente aux humains, démunis face à une société où personne ne saura indiquer à l’autre comment survivre à la folie.
(En référence à l’ouvrage Dites-nous comment survivre à la folie, K. Oé, 1966)

Série réalisée en 2017-2018.

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