« Je le dis pour mémoire » : testaments d'indiens, lieux d'une justice ordinaire : Cajamarca, Pérou, XVIIe siècle
Bibliographie
- Auteurs : Argouse Aude ; Garavaglia Juan Carlos (1944-....) ; École des hautes études en sciences sociales ; École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales ;
- Editeurs : Lille Atelier national de reproduction des thèses ;
- Date d'édition : 2014
- Sujets : Indiens d'Amérique -- Thèses et écrits académiques -- Pérou 17e siècle, Testaments, Expression de la volonté (droit), Espagne -- Colonies -- Thèses et écrits académiques Amérique -- 17e siècle, Indien, Pérou, Notaire, Justice, Testament
- Langue(s) : Français
- Description matérielle : 2 microfiches, 105 x 148 mm
- Pays de publication : France
Notes
Bibliogr. p. 385-406. Notes bibliogr.. Glossaire ; Thèse de doctorat ; Histoire et civilisations ; Paris, EHESS ; 2011
Résumé
A la fin du XVIe siècle, Cajamarca est un «pueblo de indios » réservé aux Indiens. Beaucoup fuient, disparaissent ou meurent, tandis que s'installent des Espagnols dans le chef-lieu de province que devient le pueblo au XVIIe siècle, avec près de 10 000 habitants,. Nous nous intéressons à la manière dont les non Indiens entreprennent de légitimer leur « droit d'être là ». Pour contourner les interdits régissant les rapports avec les Indiens -notamment les limites à l'acquisition de biens fonciers -les Espagnols construisent la légitimité de leur présence, s'arrogeant petit à petit toutes les sphères de gouvernement et la justice ordinaire des Indiens. Dans ce processus, l'écriture publique indienne, essentiellement faite de testaments, devient un enjeu de gouvernement et un lieu de justice. Nous nous intéressons à cette « prise d'écriture » par les individus indiens qui, tout en répondant aux exigences des prescriptions légales et religieuses, trouvent là un lieu d'expression de leurs sentiments et de leurs affects. Notre travail repose sur une analyse de la mise en scène de la volonté et de l'expression volontaire d'une justice par la parole individuelle qui fait de l'acte un témoignage de soi à vocation judicaire. Le greffier indien consigne une mémoire des choses présentes. De sorte qu'entre le pouvoir d'obliger les proches à rembourser des dettes et à garantir les funérailles, et celui de dire « pour mémoire » ce qui vaudra pour l'avenir, le testament, inscrit au registre de l'écriture publique, disponible pour tout regard, apparaît comme un lieu de justice qui renverse le temps de celui qui parle. ; By the end of the 16th century XVI, Cajamarca is a 'town of Indians' destined to the natives. Many of them fled, disappeared or died, whereas the Spaniards settled down in the head town of the province Cajamarca becomes in the 17th century, which population rises up to 10 000 inhabitants. We are interested in the way the not-Indians undertook actions to legitimize their 'right to be there'. In order to evade the prohibitions ruling over the relations with Indians - that restricted the acquisition of real estate -they persisted in their efforts to legitimize their presence and managed to control aIl the spheres of local government, including those of ordinary justice concerning the Indians. In this process, the public legal writings (constituted mainly by wills) represent both a mean and an aim of government. We are interested in this 'taking over of the writing' by the Indians, who, as they respond to the legal and religious requirements, find in that practice a place of expression of their feelings and affections. We propose an analysis of the individual’s will and' of the voluntary aspiration of justice by means of the Indian written words, which played a testimonial roll with a judicial vocation. Thus, the lndian public notary submits a report of the present state of things. He do es this aiming to enforce the surviving members of the family to reimburse the debts of the deceased, to guarantee the realization of funerals, and to state 'for the record' (' para que conste') so that the act has validity in the future. Hence, the testament, available hereafter at the public registry for anyone to see, becomes a place of justice which inverts the time of those who spoke.