De la victime-idéale à la victime-coupable : traite des êtres humains et sociologie des politiques de la pitié
Bibliographie
- Auteurs : Jakšić Milena ; Noiriel Gérard (1950-....) ; École des hautes études en sciences sociales ; École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales ;
- Editeurs : Lille Atelier national de reproduction des thèses ;
- Date d'édition : 2014
- Sujets : Traite des êtres humains -- Thèses et écrits académiques 1990-...., Traite des êtres humains, Victimes, Justice, Sociologie juridique
- Langue(s) : Français
- Description matérielle : 2 microfiches, 105 x 148 mm
- Pays de publication : France
- Collection (notice d'ensemble) : Lille-Thèses, 0294-1767
Notes
Bibliogr. p. 495-520. Notes bibliogr. ; Thèse de doctorat ; Sociologie ; Paris, EHESS ; 2011
Résumé
La victime de la traite des êtres humains est appréhendée à la fois comme coupable d'infractions de séjour irrégulier et de racolage et comme victime de ce qui est considéré comme l'une des pires atteintes aux droits de l'Homme: être acheté, être vendu, être exploité. Ce statut de victime-coupable est doublé d'un paradoxe, voire d'une énigme que ce travail de thèse s'attache à résoudre: alors que la traite est constituée en « bonne cause» au nom des victimes à protéger, celles-ci se voient barrer l'accès au statut d'ayant droit dès lors qu'il est question de traduire leur souffrance en statut administratif. D'un objet de souillure au regard des droits de l’Homme, elles se transforment en source de menace devant le policier, le juge ou l'agent des préfectures. L'analyse de ce déplacement - de la victime en coupable - constitue l'objet principal de cette thèse, qui croise enquête ethnographique et sociologie des mobilisations et de l'action publique. ; From the ideal to the guilty victim: Human trafficking and the sociology of the politics of pity. The victim of human trafficking is conceived of both as guilty of offenses such as illegal stay and soliciting, and as a victim of what is considered to be among the worst infringements of human rights ; being bought, being sold, and being exploited. This status of the victim-culprit is paralleled by paradox if not by an enigma that the present thesis seeks to resolve. Indeed, on one hand, human trafficking is set up as a 'good cause', in the name of the victims be protected. On the other hand, however, the latter are denied access to the status of beneficiaries as soon as it comes to translating their suffering into an administrative status. From an object of soiling with respect to human rights, they are transformed into a source of threat before policemen, judges, or prefectural agents. An analysis of this movement from the victim to the culprit is the main object of the present thesis, in which ethnographic survey methods are crossed with the sociology of mobilizations and of public action.