L'art, c'est comme un virus qui te pique : ethnographie de l'expérience esthétique de l'art africain chez les Burkinabè
Bibliographie
- Auteurs : Cayla Julie ; Coquet Michèle (19..-....) ; Jeudy-Ballini Monique (1955-....) ; Somé Roger (1959-....) ; Steiner Christopher Burghard (1961-....) ; Bondaz Julien (1981-....) ; De Largy Healy Jessica ; Université Paris Nanterre ; École doctorale Espaces, Temps, Cultures ; Laboratoire d'ethnologie et de sociologie comparative ;
- Sujets : Art -- Burkina Faso, Art, Marchands d'oeuvres d'art, Goût (esthétique), Thèses et écrits académiques, Art africain, Marché de l'art, Goût, Copie, VillageBurkina Faso
- Langue(s) : Français
- Description matérielle : 1 volume (605 pages), : Ill., 30 cm
- Pays de publication : France
Notes
Bibliogr. p.565-582 ; Thèse de doctorat ; Anthropologie ; Paris 10 ; 2021
Résumé
Longtemps délaissés par les Burkinabè, les objets qui composent le répertoire de l’art africain deviennent les supports d’un engouement récent parmi les classes moyennes et supérieures des villes du pays. Hier objets magico-religieux, de pouvoir ou encore du quotidien, ils deviennent aujourd’hui des œuvres d’art qui ne sont plus uniquement appréciées par leurs artisans, leurs marchands et leurs clientèles occidentales habituelles. Ma thèse est alors portée par le désir d’interroger l’expérience esthétique de l’art africain de ces professionnels et nouveaux acheteurs de ce marché, et donc celui de saisir les évolutions récentes quant aux conceptions locales de l’œuvre et de l’art.- ; J’ai choisi d’allier une approche holistique du marché, qui prend en compte les interactions entre toutes les catégories d’acteurs en présence, à une observation minutieuse des relations que développent les personnes avec les œuvres en question – et ce, quelles que soient leur place dans la hiérarchie des valeurs (en d’autres termes, qu’il s’agisse d’œuvres « originales », ou de « copies », les grandes catégories de celle-ci). Je me suis intéressée à la manière dont se constituent et se transmettent les opinions de goût, et cela, à travers le prisme des pratiques de fabrication, de vente comme d’exposition des pièces.- ; Je montre finalement que ces objets sont aujourd’hui de plus en plus mis en valeur par les Burkinabè parce qu’ils suscitent en eux de vifs sentiments (de fascination et de passion, de nostalgie mais aussi de dégoût) et leur donnent accès à tout un monde de connaissances et d’imaginaires, notamment en lien avec le milieu rural dont les pièces, comme eux, sont censés être originaires. L’art et les œuvres deviennent des moyens par lesquels ils peuvent eux-mêmes faire le récit de leur passé et ainsi refonder leur histoire et leur identité, tout en donnant à leur existence une meilleure visibilité dans la société contemporaine.- ; En faisant émerger de nouvelles formes et de nouveaux aspects d’œuvres (illustrant la vie des campagnes avec des patines éclatantes, notamment) et en leur associant des usages inédits (de décoration d’intérieur et de collection, entre autres), ces récents acteurs du marché de l’art africain participent à l’émergence de nouveaux paradigmes de l’art au Burkina Faso ; véritables reflets des enjeux contemporains qui traversent la population urbaine (entre réinterrogation des traditions et cosmopolitisme). ; Long neglected by the Burkinabè, the objects that make up the repertoire of African art have become the focus of a recent craze among the middle and upper classes of the country's cities. Once magical-religious objects, of power or everyday life, they are now becoming works of art that are no longer only appreciated by their craftsmen, merchants and their usual Western clientele. My thesis is driven by the desire to question the aesthetic experience of African art sought by these professionals and the new buyers on this market, and thus to grasp recent developments in local conceptions of the work and art.- ; I chose to combine a holistic approach to the market, which takes into account the interactions between all the categories of actors involved, with a careful observation of the relationships that people develop with the works in question - regardless of their place in the hierarchy of values (in other words, whether they are 'originals' works, or 'copies' and the main categories of the latter). I was interested in the way in which opinions of taste are constituted and transmitted, and this, through the prism of the practices of manufacture, sale and exhibition of the pieces. Finally, I show that these objects are nowadays more and more valued by the Burkinabè because they stimulate strong feelings (of fascination and passion, nostalgia but also disgust) and give them access to a whole world of knowledge and imagination, particularly in relation to the rural environment where the pieces, like them, supposedly find their origin.- ; Art and works of art become means by which they themselves can tell the story of their past and thus re-found their history and identity, while giving their existence greater visibility in contemporary society. By bringing out new forms and new aspects of works (illustrating country life with brilliant patinas, in particular) and by associating new uses to them (for interior decoration and collecting, among others), these recent players in the African art market are participating in the emergence of new paradigms of art in Burkina Faso; clear echoes of the issues relevant to today’s urban population (between re-interrogation of traditions and cosmopolitanism).