Pagne d'initiation
Textile ou vêtement
- Classification : Textile ou vêtement
- Nom vernaculaire : ketnya tshimbi
- Géographie : Océanie – Mélanésie – Papouasie-Nouvelle-Guinée – East Sepik (province) – Sepik (district)
- Culture : Océanie – Sawos
- Date : fin 20e siècle
- Matériaux et techniques : fibres végétales, pigments (dont chaux)Technique de macramé (noeuds)
- Dimensions et poids : 24 cm x 18 cm (dimensions sans les lanières latérales d'attache).
- Donateur : Christian Coiffier ;
- Exposé : Non
- Numéro d'inventaire : 70.2024.12.1
Description
Pagne de forme triangulaire en fibres végétales (mendje) nouées en macramé. Les fibres sont couvertes partiellement de chaux blanche. Trois lanières prolongent chaque angle du triangle et permettent de porter l'objet autour de la taille.L'appellation ketnya donnée à cet objet par les Sawos désigne le sexe féminin, mot qui ne doit être prononcé qu’à voix basse par les hommes. La fente nommée yambe présente en partie haute, représente le clitoris tupmui ketnya. Le cordon est appelé kuanduk mendje (le mot mendje est le terme générique pour désigner les fibres végétales).(informations transmises par le donateur, Christian Coiffier, juillet 2023)
Usage
Ce type de pagne d’initiation était réalisé uniquement par des hommes. Celui-ci fut fabriqué par l'oncle maternel de l'initié, Steven Makundimi, originaire du village de Nangosap ou Nogosop (province de l’Est-Sepik, Papouasie Nouvelle-Guinée). Ce-dernier utilisa ce pagne lors de son initiation avant 1987. (informations transmises par le donateur, Christian Coiffier, juillet 2023)D'après Markus Schindlbeck, conservateur honoraire du musée d'ethnographie de Berlin, spécialiste des Sawos, ce rare exemple de pagne était utilisé durant la période d'initiation pour apprendre aux jeunes garçons les pratiques sexuelles entre hommes et femmes. Dans le temps de l'initiation, ces apprentissages se faisaient entre hommes uniquement, les femmes n'étant pas autorisées à participer à cette étape de formation des individus masculins.Chez les Sawos, plus largement, les hommes divisaient les femmes avec poils publiens et celles sans en fonction du système à deux motiiés constituant un même clan. Les femmes avec poils pubiens relevaient du clan maternel et celles sans de la moitié du soleil, comme ici. Aucune femme anthropologue n'a par le passé publié d'information sur ces conceptions propres à la région du Sépik.Enfin, cet objet renvoie aussi à la crainte qu'ont les hommes du Sepik envers la pénétration du sexe féminin, qui est considéré comme une mise en danger et un affaiblissement potentiel de leur force (la crainte étant que le pénis soit attaqué par un insecte venimeux par exemple). Plusieurs interdits régissent ainsi les rapports sexuels entre hommes et femmes en certaines circonstances (avant une guerre par exemple).(informations communiquées par Marcus Schindlbeck, 20 février 2024).