L'invention de « la science » dans le second XIXe siècle : épistémologie, technologie, environnement, politique
Texte imprimé
- Auteurs : Carnino Guillaume ; Pestre Dominique (1950-....) ; École des hautes études en sciences sociales ; École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales ; Centre Alexandre Koyré ;
- Editeurs : [S.l.] [s.n.] ;
- Date d'édition : 2011
- Sujets : Sciences -- Histoire -- Thèses et écrits académiques, Sciences, Progrès scientifique et technique, Technique et civilisation, Science history -- France -- 19th century, Science -- Social aspects, Technology and civilization -- Political aspects, Épistémologie, Epistemology
- Autre(s) édition(s) : L'invention de la science
- Langue(s) : Français
- Description matérielle : 1 vol. (613 f.), : Ill., 30 cm
- Pays de publication : France
Notes
Bibliogr. p. 551-613 ; Thèse de doctorat ; Histoire et civilisations ; Paris, EHESS ; 2011
Résumé
La science, tout à la fois pure et appliquée, advient en remplacement de l'ancienne philosophie naturelle, à l'heure où se déploient en France les prémices de la seconde industrialisation. Le prestige de la science nouvelle se diffuse par des voies divergentes: les expositions universelles, la libre-pensée, la vulgarisation, les beaux-arts, l'enseignement, la législation technique ... Cette réorganisation théorique et pratique de la connaissance s'effectue en lien extrêmement étroit avec les structures de l'industrie: les scientifiques proposent désormais, à partir d'études circonstanciées des savoir-faire artisanaux, des procédures reproductibles permettant d'assurer la bonne marche de la production. Parée de toutes les vertus, l'institution science verrouille idéologiquement toute possibilité d'inflexion du modèle progressiste qui fonde la IIIe République et selon lequel toute opposition aux transformations environnementales, technologiques et sociales en cours est dangereuse politiquement car passible d'une volonté réactionnaire d'un retour en arrière. Les résistances profanes à la science devenue sacrée sont alors exclues du champ politique car jugées erronées, tout comme le sont les opinions des religieux qui imaginaient pouvoir opposer la Bible à Galilée. L'important n'est alors pas d'essayer de définir épistémologiquement la science, mais bien davantage d'assumer le fait que cette institution est par essence contradictoire en elle-même (puisque issue d'un compromis au sein du social): toute tentative visant à la théoriser en tant que concept unifié et anhistorique ne fait que rejouer les enjeux propres aux circonstances qui l'ont vu naître. ; 'Modern science', being both pure and applied, emerges in France at the very beginning of the second industrialization, and replaces the prior 'natural philosophy'. Its prestige expands through various activities: World fairs, freethinkers, popular science, arts & literature, school, patent rights ... This practical and theoretical reorganization of knowledge, is firmly connected to the structure of industrial production: scientists study in details craftsmen's 'know-how' to create reproducible procedures for manufacturing. Reputed neutral and objective, science ideologically binds the progressive base of the French Third Republic: thereafter, any opposition to environmental, technological or social changes catalysed by this new regime is treated as a dangerous attitude hiding reactionary thoughts secretly rooted in a backward political agenda. Secular resistance to sacred science is subsequently considered inaccurate and excluded from the political sphere, in the same way as the religious beliefs Galileo battled with are mocked as false. Therefore, science must not be any more considered as an epistemological question, but rather as a intrinsically contradictory institution (since it is issued from a social compromise): attempts to theorize it as unified and non-historical concept always trigger the same conflicts that prevailed to its birth.