Panneau ajouré
Objet
- Classification : Objet
- Nom vernaculaire : Malu
- Géographie : Océanie – Mélanésie – Papouasie-Nouvelle-Guinée – East Sepik (province) – Wosera-Gaui – Gaikarobi (village)
- Culture : Océanie – Sawos
- Date : fin 19e siècle ou début du 20e siècle
- Matériaux et techniques : Bois sculpté et peint, rotin, pigments
- Dimensions et poids : 169 × 53 × 7,5 cm
- Ancienne collection : Jay C. Leff ; Ancienne collection : Philippe Guimiot ; Précédente collection : Michel Périnet ;
- Exposé : Oui
- Numéro d'inventaire : 70.2021.43.1
Description
Planche taillée dans une racine aérienne ou contrefort d'un arbre, sculptée en ajours et peinte dans une polychromie noire, rouge et blanche. Sa partie supérieure présente un visage aux yeux très soulignée, surmonté d'un lien de suspension en rotin. La partie centrale de la pièce est ajourée d'un entrelacs de motifs stylisés d'oiseaux pour partie. La partie inférieure présente un ensemble de crochets droits servant à suspendre des filets de nourriture ou de biens. un visage peint, de petite taille, est placée au centre de cette rangée de crochets. La planche est sculptée et peinte sur ses deux faces.
Usage
Plusieurs termes ont été associés à ces planches ajourées. Le terme malu a été popularisé par la publication de Douglas Newton (1963). Plus tôt, Gregory Bateson à qui on doit les informations les plus circonstanciées sur l’usage de ces objets, donne le terme malu tshambwan chez les Iatmuls. Si le terme malu n’a pas de traduction connue et vérifiée, le terme tshambwan (samban pour l’orthographe contemporaine), désigne un objet usuel : le crochet. Le malu tshambwan est donc une des formes particulières du crochet. Le même anthropologue cite également le terme ionimbau pour un crochet malu collecté à Tambanum un village Iatmul de l’est. Pour Otto Reche, les malu collectés à Singri dans le bas Sepik sont appelés localement kônùm.A propos du terme malu, Christian Coiffier affirme que le terme fait référence à des mannequins qu’on place devant les maisons qu’on s’apprête à détruire (malu’ndu, que Coiffier écrit malundu ). La pratique est commune à la région. En effet, à Chambri, ces mannequins (mailli) sont construits pour permettre à l’être qui constitue la maison de trouver une corporalité provisoire avant de pouvoir s’incarner dans une nouvelle maison. On connait une cinquantaine de figures malu à travers le monde. Il semble qu’aucune n’ait été conservées en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Les plus anciennes à avoir quitté la région sont sans doute celles qui ont été acquises par Otto Reche en 1913. Gregory Bateson affirme qu’à la fin des années 1920, on n’en fabrique presque plus et qu’elles sont très rares. Néanmoins, ces planches sont encore fabriquées après la Seconde Guerre Mondiale puisqu’un photographe du National Geographic en photographie deux à Gaikorobi chez les Sawos. On ne sait pas dans quel contexte ces deux œuvres ont été faites. Il existe une forte probabilité pour que le malu de la collection Perinet soit l’objet figurant à droite de l’image, représenté de dos. On ne connait pas bien ces objets qui figurent parmi les plus spectaculaires et les plus virtuoses du Sepik. On les rencontre sur une partie du cours moyen du Sepik jusqu’à son embouchure. Pourtant leur style les rattache à la partie « médiane » du fleuve.La littérature affirme que ces objets sont produits par les Sawos, auxquels les critiques d’art attribuent souvent les plus belles et les plus anciennes sculptures de la région. Il s’agit pourtant d’une convention car très peu de malu ont été vus en cours de réalisation. Il serait plus prudent de voir dans ces sculptures une production assez générale, commune chez les Sawos et les Iatmul et qu’on rencontre aussi parmi les populations voisines. Les plus anciennes ont été collectées pendant la période coloniale allemande, mais on en fabrique toujours encore dans les années 1970. Il est d’ailleurs probable que ces derniers aient été fabriqués pour le tourisme.Dans la note qu’il consacre au panneau acheté à Tambanum en 1930, Gregory Bateson affirme :" Large openwork carving representing the face of the sago-beetle (PANANGUN). These objects are said to be no longer made (? ceased to be made before white contact). They are kept in dwelling houses but I do not know their significance. From the arrangement of the bottom of the plank I judge they are a type of ceremonial hook probably " altars" of some kind. No other specimens were seen in the houses."L’ethnologue britannique Gregory Bateson affirme que ces objets étaient fabriqués pendant les initiations masculines chez les Sawos et les Iatmuls de la vallée du Sepik. Ils servaient de substituts à une jeune initié mort durant l’initiation et étaient sortis en procession alors que la phase de réclusion prenait fin.