Ces masques font partie des ornements dont sont parées les ignames sélectionnées pour être présentées lors de cérémonies annuelles appelées (" Alignement des grandes ignames ") dans le village de Nyamikum. Appelés , les plus petits sont utilisés lors des cérémonies des petites ignames ( en langue abulës ; ). Les plus grands sont plus rares et utilisés sur les grandes ignames ( en langue abulës ; ).Ils se combinent avec des éléments temporaires (plumes, fruits oranges ou jaunes du , feuilles de cordyline rouge et jaune, croton, fleurs d'hibiscus) et des artéfacts permanents : ornements de têtes ((pour les exemplaires en bois, seulement ; cf. 71.1965.34.4, 71.1965.34.5, 71.1965.34.6, 71.1965.34.7), (cf. 72.1996.3.5, 72.1996.3.5)¸anneaux (70.2001.30.1), coquillage, dépouilles de paradisiers, diadème fabriqués avec des plumes de casoar ). Il existe trois types de cérémonies, qui se succèdent en quelques mois :-1a première est pour les grandes ignames les plus importantes, spécialement les cultivars Maabutap, qui peuvent atteindre jusqu'à 2 ou 3 mètres ;-la seconde pour les secondaire, dont notamment les cultivars Wujëbu ou Undiggil, également de grande taille ;-la dernière, peu pratiquée aujourd'hui, pour les petites ignames, où figurent notamment les , D. esculenta cultivées spécialement afin qu'elles atteignent jusqu'à 1 mètre.Les Waapi Saaki célèbrent les récoltes, marquent le début de la nouvelle année, la fin des interdits (jusqu'à la plantation suivante des grandes ignames), et sont dites favoriser les récoltes de l'année qui s'annonce. Elles rassemblent dans le village-hôte des délégations de plusieurs villages, y compris les ennemis coutumiers, qui viennent évaluer les tubercules présentée. Elles sont également l'occasion de renouveler les alliances, d'en passer de nouvelles et de négocier les soutiens magiques et politiques pour l'année qui suit.Au lendemain de la cérémonies, les ignames étaient autrefois données au partenaire cérémoniel () de leur propriétaire, appartenant à la moitié cérémonielle opposée (). Ces échange se faisaient selon un principe d'échange compétitif. Selon que l'échange se faisait entre du même village () ou d'un autre village (), l'échange était plus ou moins un défi pouvant déboucher sur des conflits (Kaberry 1941a: 256-257; 1941b: 355; Forge 1970: 272). L'igname échangée était en partie consommée, et on gardait en général la tête comme bouture pour être replantée (Forge 1971: 137).Les décorations renforcent les homologies visuelles entre les hommes, les images sculptées et peintes, et les esprits ((Forge 1966: 28, Hauser-Schäublin 1995). Plus que de simples symboles phalliques, les ignames sont des matérialisations de l'interaction entre les hommes et les entités tutélaires des clans et des forêts Kaberry 1941b: 359-360; Forge 1966: 25, 1990: 163; Huber-Greub 1988: 185; McGuigan 1992: 214, 224), et sont ainsi la manifestation de leur pouvoir procréatif (Coupaye 2007b).