Les entrepôts de la baraka : du grenier collectif à la zawya : réseaux du sacré et processus de patrimonialisation dans l'Atlas et Maroc présaharien
Texte imprimé
- Auteurs : Naji Salima ; Yacine Tassadit (1949-....) ; École des hautes études en sciences sociales ;
- Editeurs : [s.l.] [s.n.] ;
- Date d'édition : 2007
- Sujets : Anthropologie -- Thèses et écrits académiques, Greniers (entrepôts), Patrimoine, Berbères, Religion
- Langue(s) : Français
- Description matérielle : 2 vol. (781 p.), : Ill., 30 cm
- Pays de publication : France
Notes
Publication autorisée par le jury ; Bibliogr. p. 733-764 ; Thèse doctorat ; Anthropologie sociale et ethnologie ; Paris, EHESS ; 2007
Résumé
Ce travail est parti d'une question : comment le grenier collectif de l'Atlas (agadir), survit-il à la 'modernité' alors que partout ailleurs dans le Maghreb, il s'est définitivement éteint? Les terrains de recherche conduits durant plusieurs années du Haut-Atlas à l'Anti-Atlas (300 greniers actifs, moribonds ou ruinés) dans l'objectif de réactualiser les données coloniales soutiennent l'idée d'une communauté élargie, au delà des liens du sang, dont l'institution collective de l'agadir sacré affirme l'identité. Car c'est à dates fixes chaques année que toutes les tribus possédant un grenier actif apportent leur dons aux grandes zawya-s méridionales placées sur les franges présahariennes et renouvellent alors leur allégeance par serment aux grands Saints régionaux (Imin' Tatalt, Tamegrout, Tazerwalt, Timggilsht). Relation singulière décrite ici pour la première fois et qu'il convient d'appeler le système (zawaya-grenier], système par lequel circule une partie des biens nourriciers produits dans ces régions, rendant indispensable le grenier. Les circulations de dons apparaissent bien comme les prestations totales d'un système articulé autour de la baraka. Ainsi que le montre d'abord, le réseau des greniers de villages des Ayt Ubiâl (Sirwa), puis des tribus réunies en masse autour de la zawya d'Imi n'Tatelt (Anti-Atlas oriental). Les règles cependant évoluent, polarisées distinctement par les deux 'institutions-choses' que sont la religion, d'un part, et le patrimoine, de l'autre, selon des logiques de rupture, d'effacement des mémoires et de réécritures des pratiques individuelles et collectives. ; How did the agadir (fortified and collective granary) of the Atlas mountains survive 'modernity' when everywhere else in the Maghreb, it disappeared? This research which is grounded in a extensive and long term investigation of 300 agadir-s in the High Atlas and the Anti Atlas aims to update the colonial data. The argument is that agadir is a sacred institution in which the identity of the extended community is reaffirmed through a renewed oath of allegiance (and) in the form of a regular gift offering the the important regional saints in the large Pre-Saharan zawiyas (Imi n'Tatelt, Tamegrout, Tazer walt, Timggilsht). The granary as a store is central to this [zawiya-granary] system, described here for the first time, because it allows the circulation of part of the food produced in the region. Thus circulation of gifts appears as total prestations in a system based on baraka. This is shown both in the case of the Ayt Ubial network (SIRWA), and the tribes united around the Imi n'Tatelt zawiya (Eastern Anti Atlas). Yet, rules evolves, polarized distinctively by two institution-thing : religion and heritage, through phenomena of rupture, erasure of memory and rewriting of individual and collective pratices.