Construction identitaire, mobilisation et territorialité politique : le mouvement aléviste en Turquie et en Allemagne depuis la fin des années 1980
Texte imprimé
- Auteurs : Massicard Élise (1976-....) ; Kepel Gilles (1955-....) ; Institut d'études politiques ;
- Editeurs : [S.l.] [s.n.] ;
- Date d'édition : 2002
- Sujets : Alawites -- Thèses et écrits académiques -- Turquie, Alawites, Turcs, Minorités, Identité collective, Turquie -- Relations interethniques -- Thèses et écrits académiques, Turquie
- Autre(s) édition(s) : L'autre Turquie
- Langue(s) : Français
- Description matérielle : 2 vol. (762 f.), : Ill., cartes, 30 cm
- Pays de publication : France
Notes
Publication autorisée par le jury ; Bibliogr. f. 641-682. Glossaire ; Thèse de doctorat ; Science politique. Monde musulman ; Paris, Institut d'études politiques ; 2002
Résumé
Comme tout mouvement identitaire, le mouvement aléviste a procédé à une reconstruction de 'l'histoire' du groupe. Mais celle-ci s'est avérée très conflictuelle : multiples et non hiérarchisés, les entrepreneurs identitaires ne sont pas parvenus à un accord sur la nature (religieuse ? politique ? culturelle ?) de l'alévité. Le caractère éclaté du champ aléviste est aggravé par l'intervention d'acteurs externes dans le jeu de définition de l'alévité, qui contribue à l'absence de clôture identitaire. L'éclatement a également une dimension territoriale : les dynamiques locales rendent toute fédération au niveau national difficile. Or, le registre de mobilisation identitaire n'est pas légitime dans le système politique turc. Les acteurs doivent donc s'inscrire dans les champs nationaux pour gagner une légitimité.- ; La reconstruction religieuse, inachevée, de l'alévité sur le modèle du sunnisme n'a pas permis d'intégration au champ religieux, en raison du verrouillage par les institutions. Les tentatives de création d'un parti alévi et d'articulation avec les partis existants n'ont pas créé d'articulation convaincante de l'alévité au système politique. Les tentatives d'inscription dans le champ culturel furent les plus couronnés de succès. Cependant, cette reconnaissance culturelle est limitée et neutralisante ; elle s'apparente à une folklorisation. Face à cette fermeture des champs nationaux, les alévistes se sont tournés de plus en plus vers des modes d'action ne nécessitant pas de mobilisation massive, ne passant pas par la sphère publique et se repliant sur le local. Le mouvement aléviste s'est structuré en Allemagne largement comme en Turquie, bien que de manière indépendante.- ; Mais l'ouverture du champ rerligieux allemand a permis la reconnaissance de l'alévité comme communauté religieuse et l'unification des acteurs alévistes autour de cette définition. Malgré l'intervention du niveau communautaire, l'exportation de cette dynamique à la Turquie s'avère difficile.