La chasse à l'âme : essai sur le chamanisme sibérien à partir de l'exemple bouriate (Sibérie méridionale)
Texte imprimé
- Auteurs : Hamayon Roberte (1939-....) ; Dampierre Éric de (1928-1998) ; Université Paris Nanterre ;
- Editeurs : [S.l.] [s.n.] ;
- Date d'édition : 1988
- Sujets : Chamanisme -- Thèses et écrits académiques -- URSS -- Sibérie (Russie) 1900-1945, Bouriates (peuple de Sibérie), Sibérie (Russie) -- Religion -- Thèses et écrits académiquesSibérie (Russie)
- Autre(s) édition(s) : La chasse à l'âme
- Langue(s) : Français
- Description matérielle : 3 vol. (810 f.), : Ill. en noir, 30 cm
- Pays de publication : France
Notes
Publication autorisée par le jury ; Bibliogr. f. 758-788. Index ; Doctorat d'état ; Ethnologie ; Paris 10 ; 1988
Résumé
La thèse poursuit un double propos. L'un est l'étude anthropologique d'une population mongole de Sibérie, les bouriates du lac Baïkal, et leurs états de société dans le temps et l'espace. Basée sur plusieurs types de sources (archives coloniales russes, ethnographie soviétique, tradition populaire, enquête personnelle), l'étude met en lumière les différences entre idéologies de chasse (à l'ouest) et d'élevage (à l'est). L'autre propos est l'étude comparée du chamanisme sibérien en général, qui plonge ses racines dans l'idéologie de chasse. Chasse et chamanisme reposent sur une logique d’alliance, le chamane faisant symboliquement ce que le chasseur fait réellement. Sa raison d'être est la chasse à l'âme (ou âme-chair, substance qui est à l'âme-os de l’homme ce que la chair du gibier est à son corps : une nourriture). L'alliance dans la surnature assure sa légitimité (il épouse la fille de l'esprit du milieu nourricier qu'est le foret). Son comportement pendant la 'transe' exprime qu'il rend la contrepartie de sa prise. L'âme-chair est une substance qui s'échange entre les mondes, l’âme-os une unité qui se réincarne au sein du même groupe humain de filiation ou de la même espèce animale. La pratique de l'élevage, qui s'accompagne d'une prévalence d'intérêt pour l'âme-os, fait verser le chamanisme dans une logique de filiation, et développe les activités de guerre et de cure. La nature initiale de l'action chamanique et les changements qui l'affectent lorsque la société ne vit plus de chasse incitent à proposer de définir le chamanisme comme une gestion de l'aléatoire. ; The purpose of this dissertation is twofold. First, it is an anthropological study of a Mongolian people of southern Siberia, the Buryats of Lake Baikal, and the changes in their society over time and space. Drawing on diverse sources (Russian colonial archives, soviet ethnography, popular folklore, and personal fieldwork), this study brings to light the ideological differences between hunters (west of Lake Baikal) and cattle-breeders (east of the lake). Second, it is a comparative study of Siberian shamanism in general, which is rooted in hunting ideology. Both shamanism and hunting adhere to a logic of alliance. What the hunter does in reality, the shaman does symbolically. His raison d’être is to hunt the soul, a sort of flesh soul, which nourishes man's bone-soul the way animal flesh does his body. The shaman's legitimacy is assured through a supernatural alliance: he marries the daughter of the spirit of the nurturing forest. His behaviour during the 'trance' represents a repayment for what he has taken (the wife and the soul). The flesh-soul is a substance exchanged between the human and the supernatural worlds; the bone-soul is a unit which is reincarnated within the same human descent group or the same animal species. With livestock breeding, where interest in the bone-soul prevails, shamanism shifts towards a logic of filiation and develops warring and healing activities.