Des musiques du monde à Royaumont : fabrication de la diversité et programmation de rencontres dans une institution culturelle
Bibliographie
- Auteurs : Oleksiak Julie (1987-....) ; Laborde Denis (1959-....) ; Salzbrunn Monika ; Beaudet Jean-Michel ; Damon Anne (19..-....) ; Mendívil Julio (1963-....) ; Werner Michael (1946-....) ; École des hautes études en sciences sociales ; École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales ;
- Sujets : Musique -- Anthropologie, Composition (musique), Équipements culturels, Culture, Politique culturelle, Diversité culturelle, World music, Thèses et écrits académiques, Anthropologie de la musique, Musiques du monde, Musiques transculturelles, Programmation musicale, Création musicale, Institutions culturelles, Administration culturellePolitiques culturellesDiversité culturelles
- Langue(s) : Français
- Description matérielle : 1 volume (552 p.), : Ill., 30 cm
- Pays de publication : France
Notes
Bibliogr. p. 377-406 ; Thèse de doctorat ; Musique, histoire, société ; Paris, EHESS ; 2020
Résumé
Cette recherche se concentre sur les acteurs culturels qui, en promouvant la rencontre des cultures à travers la musique, portent le message politique induit par une valorisation de la diversité culturelle. J’analyse cette mobilisation particulière de musiques à travers le cas du programme des musiques transculturelles de la fondation Royaumont dans le Val-d’Oise. Mis en place en 2000 et piloté jusqu'en 2016 par Frédéric Deval, directeur artistique, ce programme « conçoit et met en oeuvre des créations qui croisent des cultures et des langages musicaux ». Son refus des catégories « musiques du monde » et world music, n’empêche pas Deval de faire se rencontrer des musiciens du monde entier dans cette abbaye cistercienne pour, non seulement élaborer des créations « transculturelles », mais également inviter des artistes à inventer des « communautés imaginaires » afin de contrer la violence du monde contemporain.- ; L’analyse ethnographique enrichie par une prise en compte de contextes historiques, géographiques, sociaux et culturels plus larges, révèle les mondes (représentations, réseaux d’acteurs, institutions…) sur lesquels une programmation musicale s'appuie et les mondes qu’elle construit en retour. L’émergence d’un monde professionnel qui valorise l’altérité par la musique en France, l’évolution d’une programmation sur la durée, le développement et le fonctionnement d’une institution culturelle, les interactions entre un artiste et une institution et enfin le travail des artistes en résidence de création constituent autant de facettes du cas permettant de comprendre comment se fabrique une programmation musicale. Les interactions multiples entre programmateurs et artistes mais aussi mécènes, politiques, administrateurs et divers salariés d’une institution culturelle marquent l’aspect collectif de la création et de la programmation musicale.- ; Les espaces de communication dans lesquels les appellations « musiques du monde » ou « musiques transculturelles » constituent alors des enjeux de positionnement et de catégorisation. Dans le même temps, l’analyse de l’institution montre d’autres espaces institutionnels moins visibles, faits de négociations constantes et d’ajustements divers, qui sont essentiels pour l’existence de ces discours et de ces musiques. Cette analyse de cas montre que la fabrication de musiques ne peut être pensée, étudiée et analysée sans tenir compte des institutions qui les font exister et des acteurs qui, eux, font exister cette institution tout en s’en servant comme une ressource d’action. Le message politique d’un programmateur de musique transparaît alors à la fois comme une démarche stratégique et comme un moteur de créativité, mais révèle également des modalités d’action qui dépassent le seul cadre de l’engagement artistique. ; This research focuses on cultural actors who, by fostering the encounter of cultures through music, carry the political message born out of an appreciation of cultural diversity. I analyse this particular mobilization of music through a case study, that of the transcultural music program at the Royaumont Foundation, Val-d'Oise, France. Set up in 2000 and led by Frédéric Deval, artistic director, until 2016, this program 'conceives and realizes creations that cross-fertilize musical cultures and languages.' His rejection of 'musiques du monde' and world music categories does not prevent Deval from bringing together musicians from all over the world in this Cistercian abbey to not only enable the development of 'transcultural' creations, but also to invite artists to invent 'imaginary communities' in order to counter the violence of our world.- ; Ethnographic analysis, enriched by the broader historical, geographical, social and cultural contexts, reveals the worlds (representations, networks of actors, institutions, etc.) upon which musical programming is based and the worlds it builds in return. The emergence of a professional world that values otherness through music in France, the evolution of programming over time, the development and operation of a cultural institution, the interactions between artist and institution and, finally, the work of artists in residence are all facets of this case study that lead to understanding how musical programming happens. The many interactions between programmers and artists, and sponsors, politicians, administrators and employees of a cultural institution, all demonstrate the collective aspect of musical creation and programming.- ; This work brings to light communication spaces in which the designations 'world music' and 'transcultural music' become positioning and categorization concerns. At the same time, the analysis of the institution shows other less visible institutional spaces made up of constant negotiations and adjustments, which are essential for the existence of discourse and music. This case study shows that music making cannot be thought of, studied and analysed without taking into account the institutions that make it possible and the actors that make the institution while at the same time using it as a resource for action. It is clear then that the political message of a music programmer is both strategic and practical in being a driving force for creativity, but it also reveals modalities of action that go beyond the mere framework of artistic engagement.