Masque
Objet
- Type d'objet : Objet
- Géographie : Océanie – Mélanésie – Papouasie-Nouvelle-Guinée – Morobe (province) ; Océanie – Mélanésie – Papouasie-Nouvelle-Guinée – Bismarck (archipel) – New-Britain – West New Britain (province)
- Date : Fin 19e - début du 20e siècle
- Matériaux et techniques : Bois sculpté, pigments
- Dimensions et poids : 40 × 24 × 19 cm
- Donateur : Société des Amis du musée du quai Branly-Jacques Chirac ;
- Précédente collection : Galerie Lemaire ; Précédente collection : Galerie Monbrison S.A.S. ;
- Exposé : Oui
- Numéro d'inventaire : 70.2019.67.1
Description
Masque en bois sculpté et peint
Usage
Ces masques rentrent dans la catégorie des "tumbuan", un terme en Tok Pisin qui désigne à la fois le masque, le danseur, le dispositif général et surtout l’ensemble des règles qui entourent la fabrication et la performance. Ces masques portent tous un nom, et du fait de ce nom un ou des propriétaires dont l’identité est fixée par la tradition. Ces propriétaires appartiennent à des lignages dont l’origine se confond parfois avec le personnage que le masque est supposé incarné/ Il peut s’agir alors d’un ancêtre fondateur d’un clan, d’un héros mythologique sans parenté explicite avec le clan qui le revendique mais dont l’origine territoriale correspond au lieu revendiqué par ce clan, ou bien enfin à un être surnaturel qui s’est établi sur un territoire auquel le clan à qui appartient le masque revendique un lien historique. Il semble que la culture matérielle et la fabrication des masques ait disparu rapidement, comme en témoigne Peter Te Keurs ou Tibor Bodrogi “Contact with the West (1884) soon made the greater part of the items of this old culture disappear” (1953:91-92)Il semble que la culture Kilenge ait aussi souffert de la Seconde Guerrre mondiale car le Cap Gloucester a été un important lieu de combat à la fin de la guerre (P. Dark 1979 :133)Les travaux de Lajos Biro et de Tibor Bodrogi sont parmi les plus anciens à témoigner de la culture matérielle de la région dite du « Golfe Huon » et de leurs voisins de la Baie de l’Astrolabe. Chez ces derniers, on rencontre très peu de masques, et ces derniers semblent être utilisés lors des initiations (Miklucho-Maclay, 1876, pp332). Mais c’est chez leurs voisins Kilenge de la pointe occidentale de la Nouvelle-Bretagne que les travaux ethnographiques sur ces masques sont les plus importants. En effet, l’ethnologue Philip Dark a consacré des travaux pionnier à la fabrication des masques en bois dits « nausang » chez les Kilenge. Chez les Kilenge, comme chez leurs voisins de Rai Coast, les masques sont aussi utilisés pour des initiations, ainsi Adrian Gerbrands qui était chez les Kilenge avec Philip Dark :« Initiation is actually a long series of ceremonies lasting over a period of twelve to fourteen years. At the beginning and the end of this period the leading role during the ceremonies is performed by the Great Mask, called nausang, a wooden mask shaped like a large human head. It is carried by an expert dancer, who in former days was completely wrapped up in pieces of bark cloth to make him look big and horrifying. Nowadays the same effect is obtained by dressing the dancer in a pair of European-style trousers and a shirt, both stuffed with dry leaves”. Gerbrands 1990:53. Pourtant, il y a peu de chance que ce qui est vrai chez les Kilenge puisse être vérifié chez leurs voisins de la côte nord de la Nouvelle-Guinée. Il est vrai que l’absence d’informations ethnographiques sur le masque proposé à la vente nous empêche de connaitre l’origine précise de ce masque.Il existe un continuum culturel et économique sur une région assez vaste qui lie le Golfe Huon, les iles Siassi, l’île Tami et les Kilenge de West New Britain. Cet ensemble cultural regroupe, à l’instar du cycle de la Kula à Milne Bay ou du Hiri trade entre Central Province et le Golfe de Papouasie, des cultures très distinctes mais liées ensemble par des obligations d’échanges de biens utiles (des « commodities » telles que de la nourriture), de biens de prestiges (des monnaies/parures par exemples ou des pierres de haches cérémonielles) et des échanges matrimoniaux. Les îles Siassi se trouvent au centre d’une zone d’échanges au sein de laquelle circulaient de spectaculaires bols sculptés. Pour Philip Dark:“At one point in time, probably during the fifty years in the middle of the last century, Tami and Bilibili were both generating and distributing centres. Fifty years later, the hubs shifted and became one, the new centre was located in the Siassis, though Bilibili continued it distributional role. Such changes within an area tend to be ignored by labels such as “Siassi Art”, which implies a static area and a timeless style of art” 1979:132.Cette vision historique est pourtant contestée par Pieter Te Keurs: “However, he does not say on what grounds this dating is made. There is hardly any ethnographical record on that period, and none of an earlier date” (1990:124)Philip Dark décrit ainsi les masques nausang:“The Nausang mask is carved and painted. Like the conical nataptavo type, it has a tall, waving plumes of feathers. Most nausang masks are carved in the same basic oval form of a face with a slit eyes and protruding tongue. They are distinguished from each other mainly by the differences in the painting around the eyes, though painting on the cheeks and around the mouth may alos be distinctive. These masrks denote family ownership. […] The Kilenge explain the marks on the face of the mask as representing a man who cries when his child dies. When a man dies, he goes to Endeiwa, the land of the dead […]. The same kind of distinguishing markings of the Kilenge are to be found today on nataptavo masks in Bariai, Kaliai, and the Vitu Islands, and on Tuam, and Umboi Islands and many still occur on the south coast of New Britain.” (Dark 1979:145-147)Les nombreux interdits qui sont évoqués par Dark, Te Keurs ou Gerbrands sont nuancés par Bodrogi qui évoque l’affaiblissement des interdits les entourant en particuliers dans les îles Tami :“ [In Umboi and the Siassi], It was in this attire and masks that men went to the village to fetch the pigs. The masks had once the same use on the Tami Islands, but the custom went out of fashion, and later they were used only for the decoration of the kani house, where they were attached to the two sides of the roof” (Bodrogi 1961:70).