Spatule à chaux
Sculpture
- Type d'objet : Sculpture
- Sculpteur : Mutuaga (1860 - 1920) ;
- Géographie : Océanie – Mélanésie – Papouasie-Nouvelle-Guinée – Milne Bay (province) – Massim (aire)
- Date : fin du 19e - tout début du 20e siècle
- Matériaux et techniques : Bois, pigments rouge et blanc (chaux)
- Dimensions et poids : 35 cm (hauteur totale)
- Ancienne collection : George Terasaki ; Ancienne collection : Thomas Murray ;
- Exposé : Non
- Numéro d'inventaire : 70.2023.2.1
Description
Spatule en bois sombre (Diospyros hebecarpa?), prolongée d’un motif en deux dimensions formé de volutes évoquant peut-être une tête d'oiseau, surmontée d’une petite plateforme circulaire sur laquelle repose un personnage accroupi, les mains jointes sous le menton, sculpté en ronde bosse. Le corps de cette figure anthropomorphe est orné de motifs incisés, pour la plupart rehaussés de chaux. On note aussi des traces de pigment rouge en différents endroits de la poignée. On retrouve dans cette sculpture les attributs des œuvres attribuées au sculpteur Mutuaga, actif entre 1880 et 1920 (date de décès) et originaire de la région de Suau, située à la pointe orientale de la grande île de Nouvelle-Guinée, dans l'aire Massim. Les œuvres attribuées à cet artiste (et à ses suiveurs) en particulier à la suite des travaux de l’historien de l’art Harry Beran, se caractérisent par le naturalisme des corps sculptés, la mobilisation de motifs sculptés propre à la sculpture Massim et un nombre restreint de types archétypaux comme ici la figure « d’audience ». Ce naturalisme semble s'être développé sous l'influence d’Occidentaux, y compris le missionnaire Charles Abel, qui fut séduit par ces figures à la sculpture soignée et aux proportions singulières, dont il encouragea la production en se devenant mécène de l’artiste. Les travaux d’Harry Beran, basés notamment sur les témoignages de Cecil Abel (fils de Charles Abel) et P.GT. Black (agent de l’entreprise commerciale australienne basée à Sydney Burns Philp dont la collection se trouve aujourd’hui au Buffalo Museum of Science), montrent des changements stylistiques au cours de la carrière de l'artiste. On constate dans un premier temps une accentuation de l’aspect naturaliste des corps, puis des têtes, ainsi qu’un décor incisé de plus en plus couvrant jusqu’à la fin du 19e siècle et au tout début du 20e siècle, lorsque l’artiste semble produire ses œuvres les plus maîtrisées. La qualité de la sculpture tend ensuite à se dégrader et les formes à s’affranchir de plus en plus du canon traditionnel de la région. Plusieurs critères stylistiques, y compris la forme et le décor de la plateforme circulaire sur laquelle repose le personnage, celle du motif sculpté en haut de la spatule, le naturalisme de la tête, la présence d’un sillon nasal, la distance de la bouche au menton et la forme des yeux en amandes concentriques, ont permis à Harry Beran d’attribuer cette pièce à l’œuvre de Mutuaga et au corpus des œuvres de la « variation 3 », probablement réalisées entre la deuxième moitié des années 1880 et les premières années du 20e siècle. Le fait qu’il s’agisse d’une figure accroupie, sans tambour, les mains jointes sous le menton en position d’écoute, le corps très orné de motifs caractéristiques de la production de l’artiste en cette période, va également dans le sens d’une intégration au corpus des œuvres correspondant à la 3e variante définie par H. Beran.
Usage
Objet d'art produit pour la vente aux Occidentaux.Il existait dans l'aire Massim et la région de Suau en particulier des spatules et d'autres objets surmontées de figures anthropomorphes sculptées, ainsi que des figures indépendantes, pour la plupart associées dans la littérature à des fonctions de protection personnelle ou de magie. Il est impossible pour beaucoup de pièces produites par Mutuaga de déterminer si elles ont pu ou non avoir un usage local avant d'être vendues à des Occidentaux.