Figure d'ombres : grotesque Delem (Semar)
Objet
- Type d'objet : Objet
- Nom vernaculaire : Théâtre Wayang Kulit
- Géographie : Asie – Asie du sud-est – Indonésie – Petites îles de la Sonde (aire) – Bali (province) – Kampong Tebesaja
- Culture : Asie – Balinais
- Date : milieu du 20e siècle
- Matériaux et techniques : Cuir de buffle ciselé et peint, bois.
- Dimensions et poids : 53 x 23 x 2 cm, 124 g
- Mission : Jeanne Cuisinier ; Précédente collection : Musée de l'Homme (Océanie) ;
- Exposé : Non
- Numéro d'inventaire : 71.1953.113.29
Description
Personnage grotesque aux bras articulés sur lequel sont fixés trois baguettes de bois. Il porte la figuration d'un casque duquel s'échappe une touffe de poils d'animaux. La mâchoire mobile actionnée laisse apparaître une dent. Le personnage porte des boucles d'oreilles "tinik", des bracelets, "gelang" et un kriss "kadotan", une ceinture "sabok" rouge à petites lignes noires et dessins dorés. Mains : ongle long au pouce d'une main qui fait le geste des "cornes"; à l'autre tous les doigts sont allongés, pouce et index joints.
Usage
Le théâtre indonésien est un spectacle mais aussi une cérémonie. La base "yang", sur laquelle le terme "wayang" (ombre) est liée, se rattache au monde surnaturel des ancêtres et des esprits. Bien qu'il soit lié au culte des ancêtres, le théâtre d'ombres rétablit l'ordre cosmique lorsque celui-ci est menacé, par exemple par une circoncision, une épidémie, ou une sécheresse. Le "dalang" manipule la marionnette tout en racontant l'histoire. Les figurines sont actionnées à la tombée de la nuit devant un écran éclairé. Leur nombre varie entre quarante et soixante. Elles sont placées selon le caractère qu'on leur attribue. Les tempéraments grossiers ("kasar") sont à gauche, les raffinés ("halus") à droite. Une ou plusieurs baguettes épousent la forme de la marionnette et permettent au "dalang" de les ficher dans un tronc de bananier ("gebedos"). Un orchestre, composé d'instruments à cordes, de percussions et de chanteuses, accompagne le spectacle. Le répertoire se compose des épopées indiennes du Râmâyana et du Mahâbhârata mais aussi de thèmes javanais comme le cycle de Pandji qui puise ses racines dans les légendes héroïques des faits racontés dans les anciennes chroniques locales. "Les actions des héros sont précédées et suivies de formules invariables d'un rituel d'appel et d'offrandes aux esprits, puis de renvoi des esprits propitiés". (Jeanne Cuisinier)Figure du théâtre d'ombre, Semar fait partie des figures de clowns (panakawan) qui interviennent au cours de la seconde partie des spectacles. Panakawan signifie littéralement "l'ami dans toutes les situations". Cette figure protectrice est aussi le père de Gareng, Petruk et Bagong. Semar est le conseiller le plus important et la source d'un savoir secret. Semar, ancêtre des Javanais, est un dieu, le frère aîné de Shiva.En tant que dieu devenu homme, il est doté de pouvoir surnaturels. C'est l'un des seuls personnages qui peut oser manifester son désaccord envers les dieux, y compris Batara Guru (Shiva) et Batari Durga. Il est l'une des figures les plus sacrée de tout le jeu du wayang kulit (kotak). Il est sur le versant réaliste de la vision du monde. Il est l'aussi l'un des rares personnages à ne pas être issu de la mythologie indienne. "Ses penchants pour les plaisanteries grivoises et la gloutonnerie l'ont exilé des cieux et envoyé sur terre comme serviteur du petit peuple de Java sous les traits d'un personnage laid et androgyne. Qu'on le pense homme, il prend figure de femme; qu'on le nomme femme, il se fait homme. Il incarne la troisième dimension éthique et spirituelle des Javanais, au-delà du bien et du mal : le drôle" (E. Inandiak, in Les chants de l'île à dormir debout, ed. Le Relié, p. 463).