Scènes de la vie de Saint-Jean Baptiste
Objet
- Type d'objet : Objet
- Géographie : Amérique – Amérique du Nord – Mexique
- Date : Fin du 16e siècle-début du 17e siècle
- Matériaux et techniques : Support en bois, papier, coton, plumes d'au moins quatorze espèces d'oiseaux: Campyloptère violet (Campylopterus hemileucurus), Colibri de Julie (Juliamyia julie), Colibri rubis topaze (Chrysolampis mosquitus), Colibri d’Elliot (Atthis ellioti), Colibri à gorge grenat (?) (Lamprolaima rhami), Geai vert (Cyanocorax yncas), Colibri de Rivoli [Eugenes fulgens (spectabilis)], Ariane béryl (Amazilia beryllina), Colibri vert-d’eau/de Sybil (Lampornis viridipallens/sybillae), Geai à gorge blanche (?) (Aphelocomo coerulescens), Organiste à capuchon (Euphonia elegantissina), Manakin fastueux ? (Chiroxiphia linearis), Oriole non spécifié (Icterus sp.), Pigeaon à bec noir (?) (Patagioenas nigrirostris).
- Dimensions et poids : 27,8 × 37,5 × 3,7 cm encadré20,3 × 30,4 cm
- Exposé : Oui
- Numéro d'inventaire : 70.2019.35.1
Description
Le tableau a été réalisé au Mexique par un maître plumassier aztèque qui a travaillé à l’aide d’un modèle établi à partir de gravures, à l’instar des cartons employées en tapisserie. Le tableau a été réalisé en une seule planche de bois ; les plumes ont été découpées puis disposées de bas en haut sur des supports indépendants de type papier réalisés en fibres qui ont ensuite été collés sur le support en bois. Le décor se divise en deux parties, séparées par la représentation d’un tronc d’arbre qui se dresse au centre du tableau. Dans la partie gauche, Saint-Jean Baptiste devant ses disciples désigne le Christ qui vient à lui et révèle sa nature « Ecce Agnus Dei ». Cette expression désigne Jésus-Christ dans son rôle de victime sacrificielle, destinée à l’offrande pascale vouée à expier les péchés du monde. Dans la partie droite est représentée une Théophanie, une manifestation de la Sainte Trinité : Jésus-Christ se faisant baptiser, une colombe symbole de l’Esprit Saint apparait au-dessus de lui et la voix de Dieu le Père se fait entendre. En partie basse, le sol herbeux et verdoyant figure un monde terrestre vallonné, tandis que la partie haute, d’où se détache la figure du Christ, représente les cieux. Le tronc central évoqué plus haut fait ainsi figure d’axis mundi reliant les deux parties du monde. Sous cet arbre apparait la représentation de la Jérusalem terrestre alors qu’en partie supérieure se distingue sa contrepartie céleste.Le tableau est placé dans un cadre ancien, en excellent état de conservation.
Usage
Ce tableau de petites dimensions serait un objet de dévotion, fait pour être vu agenouillé, ce que confirme la disposition des plumes (orientées du bas vers le haut) qui en composent le décor.Dans la société aztèque (1350-1519), l’usage de la plume était très répandu pour la fabrication de vêtements de prestige, d’objets de parure, de l’ornementation d’armes et de pièces cérémonielles. La plume était appréciée tant pour ses caractéristiques esthétiques que pour son symbolisme. Dans la capitale aztèque de Tenochtitlan, l’art prestigieux de la plumasserie était réalisé par une classe d’artisans spécialisés au statut privilégié, les amantecas. Après l’éradication des cultes païens, les missionnaires espagnols vont mettre à profit ce savoir-faire artistique au service de l’évangélisation catholique, en commandant la réalisation de mitres, de devants d’autel, de couvercles de calice et de tableaux religieux réalisés en mosaïques de plumes. Ces créations connaissent un engouement croissant en Europe au XVIe puis au XVIIe siècle : elles sont envoyées en Espagne et en Italie et rejoignirent progressivement les cabinets de curiosité européens.