Pagne masculin
Textile ou vêtement
- Type d'objet : Textile ou vêtement
- Géographie : Afrique – Afrique occidentale – Togo ; Afrique – Afrique occidentale – Ghana
- Culture : Afrique – Éwé
- Date : 1900 (?)
- Matériaux et techniques : Fil de cotonTeintureTissage
- Dimensions et poids : 306 x 183 cm
- Exposé : Non
- Numéro d'inventaire : 70.2011.2.4
Description
Ce grand pagne présente un décor très inhabituel : les dessins font alterner quatre motifs rayés différents pour la chaîne, chacun associé à une série de paire de blocs orientés sens trame encadrant des motifs formés par des trames flottantes supplémentaires. Toute la composition est très finement orchestrée ; l'harmonie des couleurs est remarquable, la qualité du tissage très serré également.
Usage
Pagne masculin de prestige.Le textile traditionnel popularisé sous le nom de « kente » chez les Ewe et les Ashanti est étroitement associé avec l’honneur et le prestige de la royauté. Il se caractérise par sa construction à partir de longues bandes étroites d’une dizaine de centimètres de large, tissées à la main par les hommes, dont c’est une spécialité héréditaire dans cette région, et ensuite cousues bord à bord, faisant alterner les blocs de couleur produits par l’ajout de trames supplémentaires, pour former des pagnes portés drapés « en toge» aussi bien par les hommes que par les femmes. Les dessins brochés transmis par la tradition, complétés par le jeu du montage des bandes qui les fait dialoguer, portent des noms qui indiquent leur signification et leur usage dans un contexte social ou religieux. Les Ewe, dispersés au Togo et au Ghana, se distinguent de leur voisin ashanti par une plus large gamme chromatique décrite localement comme « calme » (vert, bleu, rose, ocre, jaune, etc) et la production de motifs figuratifs, anthropomorphes, zoomorphes, objets du quotidien, parfois même aujourd’hui mots ou phrases courtes, ici placés dans le sens de la trame. Leur façon de juxtaposer des fils de différentes couleurs aussi bien pour la trame que pour la chaîne produit un effet vibrant des teintes qui ne sont jamais pures, tout à fait unique et original.Les Ewe localisent l’origine de leur tradition textile à Notsie (Togo) tout en la rattachant au mythe de la toile d’araignée, première tisserande, dont le chasseur observa avec humilité l’adresse, abandonnant sa quête, pour produire par imitation le premier textile de l’humanité.Fruit d’une migration originaire de Ketu (Bénin actuel), fusionnant avec des groupes locaux sans doute vers la fin du XVIè siècle, la culture ewe a établi un royaume sur le modèle yoruba à Notsie dont l’un des premiers rois se révéla un terrible tyran, provoquant une nouvelle migration qui se ramifia en plusieurs courants, répandant les techniques de tissage du nord au sud.