Synopsis

Les risques de l'exil sont connus : en quittant son pays, on se condamne à ne plus appartenir ni à sa culture d'origine ni à son pays d'accueil, à vivre éternellement entre deux mondes. Sergio Guataquira Sarmiento revisite cette question en l'associant à un exil statique et intérieur : Les peuples indigènes de Colombie, comme ceux des autres pays d'Amérique du Sud, n'ont pas eu besoin de quitter leur pays pour connaître la douleur de l'exil, ils ont simplement dû se retrouver encerclés par une civilisation qui a exploité leurs ressources et créé un monde différent autour d'eux. Sergio quitte la Belgique, où il vit depuis de nombreuses années, et arrive dans la jungle de Vaupés où il rencontre Laureano, un membre hispanophone de la tribu Cacua, qui lui propose de l'accueillir dans son village. Un paradoxe : le nom à consonance indigène de Sergio lui valait d'être malmené par ses camarades de classe, mais ici, il est vu comme un Blanc.

Au sein de ces familles qui vivent en autarcie, sa présence est superflue. Tout au plus peut-il apporter à ses hôtes un mot absent de leur vocabulaire : "nostalgie". Ce sentiment doux-amer, qui imprègne dès le début les propos autodérisoires de Sergio, ainsi que les gris délicatement nuancés de la photographie, finit par s'emparer du film tout entier. Mais avant de retourner à son exil éternel, Sergio a au moins eu la chance d'échanger avec Laureano comme seuls de vrais amis peuvent le faire, en observant la cime des arbres depuis une montagne jusqu'à ce que les contours de ce paysage séculaire soient engloutis par le soleil couchant.
Olivia Cooper-Hadjian pour le festival Cinéma du réel 2023

Sergio Guataquira Sarmiento

Sergio Guataquira Sarmiento est né à Bogota le 5 avril 1987. Rien ne le prédestinait au cinéma et pourtant, à l'âge de 19 ans, il quitte son pays pour l'Europe et s'inscrit à l'école des Beaux-Arts de Poitiers avec un visa étudiant. C'est au cours de ses études qu'il se rapproche du cinéma et passe avec succès le concours d'entrée à l'école de cinéma IAD en Belgique.
En 2018, son film de fin d'études Simon cries est repéré dans le circuit des festivals où il circule beaucoup.
Entre burlesque et clown triste, résignation et férocité, Sergio Guataquira Sarmiento veut mettre en lumière le sentiment de tristesse trop souvent refoulé par la culture latino-américaine.
Sergio Guataquira Sarmiento vit actuellement à Bruxelles, en attente de régularisation.