Au sein des sociétés autochtones des Amériques, l’usage des substances qualifiées par la médecine occidentale d’ « hallucinogènes » fait bien souvent l’objet d’une véritable institutionnalisation. Les hallucinogènes jouent alors un rôle non-négligeable dans de nombreux domaines : détermination de la position sociale (par leur emploi lors des initiations chamaniques et guerrières), pratiques thérapeutiques ou établissement de relations avec les morts, les ancêtres et les esprits. Dans de nombreuses sociétés autochtones, la consommation rituelle de ces substances est en outre intimement liée à la production esthétique. Les « visions » induites par le breuvage psychotrope ayahuasca sont ainsi fréquemment présentées par les peuples d’Amazonie occidentale qui en font usage comme la principale source d’inspiration de leurs productions esthétiques, affirmation qui n’a eu de cesse d’interroger les amateurs d'art et les anthropologues. Longtemps cantonné au monde amérindien, l’usage ritualisé des hallucinogènes bénéficie depuis la seconde moitié du XXe siècle d’une importante diffusion transnationale. Réinvesties par les pionniers de la contre-culture et le mouvement psychédélique, ces pratiques sont devenues pour de nombreux Occidentaux des vecteurs d’émancipation politique, de thérapies alternatives ou de nouvelles formes de religiosité, mais aussi d’expérimentation artistique, notamment cinématographique. Ce cycle de projection-débat se propose d'explorer les enjeux contemporains de la relation entre les « images visionnaires » perçues au cours de l’expérience hallucinogène et les productions audiovisuelles (cinéma de fiction ou expérimental, film documentaire) tout en abordant les dynamiques qui président à la requalification contemporaine des substances dites « hallucinogènes » (tourisme chamanique, nouvelles religiosités, médicalisation etc.).

PROGRAMMATION

Images :

Jan Kounen, Le Passage, série « Premier carnet », 1999
Jan Kounen, La Rencontre, série « Premier carnet », 1999
Courtesy de l’artiste / © galerie Cinéma