Regards sur la 1ère fouille archéologique de l'art contemporain : conférence enregistrée en salle de cinéma le 23 mars 2012
Enregistrement sonore
- Auteurs : Demoule Jean-Paul (1947-....) ; Müller Bernard (1966-....) ; Tronche Anne (1938-....) ; Wright Stephen ;
- Editeurs : Paris Musée du quai Branly ;
- Date d'édition : 2012
- Sujets : Conférences, Art, Archéologie, Archéologie moderne et contemporaine, Fouilles de sauvetage (archéologie), Spoerri, Daniel
- Langue(s) : Français
- Description matérielle : 1 CD data (2 h 28 min)
- Pays de publication : France
Notes
Conférence (23 mars 2012, Théâtre Claude-Lévi-Strauss) ; Dossier d'archive de la conférence conservé au service des Archives et de la Documentation des Collections au Musée du quai Branly
Résumé
Le 23 avril 1983, 120 personnalités du monde de l’art contemporain participent à un banquet organisé par l’artiste Daniel Spoerri dans le parc du domaine du Montcel, à Jouy-en-Josas (Yvelines), où devait s’implanter un an plus tard la fondation Cartier. Au milieu de ce repas de tripailles, le banquet est enterré dans une tranchée longue de 60 mètres creusée dans la pelouse. Tables, nappes, vaisselle, couverts, reliefs de repas, graffitis, dédicaces, objets d’art, photos sont ensevelis sous des mètres cubes de terre, au cours d’un rituel collectif orchestré par l’artiste. Cette performance intitulée L’enterrement du tableau-piège marque le renoncement par Daniel Spoerri à sa série de tableaux-pièges, dont de nombreux spécimens sont exposés dans les musées. Il en restera dans le parc une œuvre discrète, intitulée Le déjeuner sous l’herbe en référence ironique au tableau de Manet, lui-même inspiré du Concert champêtre de Titien.- ; Enfoui depuis 1983, le banquet de Daniel Spoerri s’est décomposé, jusqu’à n’être qu’un souvenir. Pour en étudier les vestiges, vingt-sept ans plus tard, les premières fouilles archéologiques de l’histoire de l’art contemporain ont été organisées, sous l’égide de l’artiste, par la Société du déterrement du tableau-piège, de l’université de Paris I, de l’EHESS, de l’Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux du CNRS, et de l’Inrap, avec la complicité des Rencontres Place Publique. Du 31 mai au 10 juin 2010, cet événement pluridisciplinaire en présence de Daniel Spoerri, à réuni archéologues, anthropologues, théoriciens et historiens d’art.- ; Si certains espèrent repousser les définitions classiques de la science et de la création, pour d’autres il s’agit d’une véritable enquête anthropologique ; la fouille du Déjeuner sous l’herbe s’apparente aussi à une archéologie des détritus contemporains, la Garbage Archaeology anglo-saxonne, qui n’a pas d’équivalent en Europe. Cette fouille invite à redéfinir les limites chronologiques de la discipline et à s’interroger sur l’archéologie du temps présent.- ; Qui sont les gens qui ont procédé à cette surprenante action artistique, mais d’abord humaine ? Que faut-il savoir de cette action, cette performance, pour la comprendre à partir des traces archéologiques ? Quels en étaient les enjeux ? Quelles étaient les règles qui ordonnaient ce rituel ? A quelles « règles hiérarchiques » le banquet et son enfouissement répondait-ils ? Quelle était la culture de ce monde de l’art des années 1980 et qu’en reste-t-il aujourd’hui ? L’archéologie est-elle légitime pour traiter du monde d’aujourd’hui ? Que peut-elle nous dire sur l’époque où s’est déroulé le banquet que nous ne saurions déjà ? Et en quoi les trouvailles sur le chantier de fouilles permettront-elles de contribuer à la recherche sur l’art des années 1980 ?