Supporter une insuffisance rénale chronique, représentations et ritualisation des comportements
Texte imprimé
- Auteurs : Desseix Aurélie (1978-....) ; Camara Sory ; Université de Bordeaux II ;
- Editeurs : Bordeaux [s.n] ;
- Date d'édition : 2007
- Sujets : Insuffisance rénale chronique -- Anthropologie -- Thèses et écrits académiques, Rites de passage, Hémodialysés, Ajustement (psychologie), Rein, Hémodialyse
- Langue(s) : Français
- Description matérielle : 2 vol. (642 f.), 30 cm
- Pays de publication : France
Notes
Bibliogr. f. 361-367 ; Thèse de doctorat ; Ethnologie. Anthropologie sociale et culturelle ; Bordeaux 2 ; 2007
Résumé
L'insuffisance rénale chronique se traduit par la perte progressive et irrémédiable de la fonction rénale. Au terme de cette dégradation, le malade est menacé de mort et ne peut y échapper qu'en bénéficiant d'une greffe rénale ou en se soumettant à un traitement palliatif, l'hémodialyse, qui implique une épuration sanguine tri-hebdomadaire de plusieurs heures. Ces deux traitements engendrant de nombreux bouleversements dans la vie des patients, nous nous sommes interrogés sur la manière dont ils pouvaient les supporter. Alors que la plupart des études se sont intéressées à l'importance de l'entourage familial, social ou professionnel pour expliquer les ajustements d'un individu à une maladie, nous nous sommes attachées à démontrer l'efficacité du comportement rituel.- ; Nous avons voulu accéder aux moyens dont disposent les malades pour supporter leur pathologie et ses traitements à travers les représentations qu'ils développent et la ritualisation dont s'entourent ou sont entourés les malades. Il apparaîtra, d'une part, que les patients qui se représentent le traitement par hémodialyse selon un rite de passage traidtionnel surmontent plus aisément la situation et, d'autre part, que cette représentation trouve écho dans la manière dont les malades supporteront ensuite la greffe rénale. En effet, ce n'est qu'en acceptant l'hémodialyse et l'idée que l'application de ce traitement signifie le passage à une vie différente que le patient assumera la greffe qui, en raison de prescriptions et de suivis médicaux intenses, n'est jamais un retour à la vie qu'il connaissait avant d'être dialysé.- ; L'expérience de la greffe s'apparente alors à une pratique rituelle thérapeutique grâce à laquelle le patient donne un sens à sa traversée de l'hémodialyse et positive sa greffe rénale. Cependant, les spécificités de cette pathologie et de ses traitements, dans un contexte médical occidental, donneront lieu à des différences significatives d'avec les rituels traditionnels. ; Chronic renal failure leads to the gradual and incurable loss of the functions of the kidneys. At the end of this degeneration, the patient is doomed to die, unless he receives a kidney transplant or he accepts to follow a palliative treatment, the hemodialysis which results in a blood purging for several hours, three times a week. Since both treatments lead to numerous changes in the patients' way of life, we have questioned ourselves on the different ways they could deal with those changes. Whereas most studies stress the importance of the family, society and work to explain the individual's adjustment towards his disease, we have focused on highlighting the efficiency of a ritual behaviour. Our aim was not only to discover the means the patients could use to bear their disease and its treatments through the representations they develop but also the ritualisation that surrounds the sick consciously or not. We will show that, on the one hand, the patients who see the hemodialysis treatment as a traditional rite of passage cope with the situation more easily and on the other hand, we will stress that this representation is closely linked to how the patients will later accept the kidney transplant. In fact, it is only when the patient accepts the hemodialysis and the idea that following this treatment leads necessarily to a different way of life (due to heavy prescriptions and medical treatment) that he will accept the transplant which will prevent him from having the life he knew before being dialysed. The experience lived through, with the transplant, is therefore seen as a therapeutic ritual helping the patient to give a meaning to his hemodialysis treatment and assess positively his kidney transplant. However, the specificities of this pathology and its treatments in an occidental medical context will mean significant differences from traditional rituals.