Araire
Objet
- Classification : Objet
- Nom vernaculaire : Kalappei (sanjivam)
- Géographie : Asie – Asie méridionale – Inde – Tamil Nadu (état) – Kamuthi
- Date : c. 1950
- Matériaux et techniques : Bois ("nangili" ?), acacia arabica ("karuvelmaram"), fer, fibre de cocotier.
- Dimensions et poids : 238 x 75 x 19 cm emballage
- Précédente collection : Musée de l'Homme (Asie) ; Mission : Louis Dumont ;
- Exposé : Non
- Numéro d'inventaire : 71.1951.10.40.1-5
Description
1. Age de l'araire, "erka", de section ronde en haut, quadrangulaire en bas (5 x 7 cm). Usé en biseau à l'extrémité par le frottement lors du transport, et pourvu d'un anneau de fer également usé. L'age traverse le sep. L'extrémité est maintenue en arrière par une cheville (acacia arabica) : "sullani" ("petit clou").Longueur à partir du soc 2,13 m.2. Sep, "kutti" : coudé en deux parties (59 et 34 cm) vers le milieu, mortaise où passe l'age, enfoncé à force. Au-dessus, mortaise pour fixation du mancheron, la partie supérieure est appelée "kondei" (pommeau). La distance entre ces deux mortaises est constante : un empan ("oru ca"). Au contraire, la mortaise de l'age est faite d'après celui-ci, plus durable que le sep. Cette mortaise peut être plus ou moins inclinée ("vettisikku", "tannisikku") suivant la taille des boeufs, mesurée à la croupe en "pidi" (poignée) qu'on indique à l'artisan. On peut aussi insérer une cale à la face antérieure ("sirayi" ; "kadei- appu"). Garniture du soc en fer en forme de lance "koluvu", maintenue à sa base par un gros clou cavalier "kondi".Longueur : 44 cm. (2 ou 2,5 empans).3. Mancheron "mei". Plaque cintrée dont l'extrémité inférieure est maintenue sur l'extrémité postérieure de l'age par deux oreilles, "kadu", ici en fer, ("ideiyile erkkalu kaveradu") et dont l'extrémité supérieure, ici rapportée, est le "pavu" ou poignée comportant une saillie "kondei", de 22 cm (plus généralement deux, dont une à l'avant). Une mortaise, "tolei" venant en face de celle du sep reçoit une cheville ("kucci", "bâton") qui solidarise les 2 pièces. Le "me-i" est ici un peu étroit. Porte généralement un dessin ou signe ("padam", "e-uttu") : cygne fleur.Longueur : 40 cm ; largeur moyenne : 10 cm.4. Joug "mekka" de section ronde. Mortaises quadrangulaires à 31 et 42 cm de chaque bout où passent les deux cordes ("tumbu") passant au cou des boeufs. Marque du côté droit pour le reconnaître. Double dépression au millieu, produite par le frottement de l'age qu'on prend soin de placer alternativement au-dessus et au-dessous du jong pour équilibrer l'usure.Longueur : 215 cm ; diamètre maximal (au milieu) : 8-9 cm.5. Corde de liaison "kayiru". D'abord plusieurs fois enroulée autour de l'ensemble (haut du sep et mancheron) à partir de la cheville, et vers le bas.
Usage
Araire pour les cultures sèches. Les terres du village sont lourdes, terre noire à coton ("karisal") avec une certaine adjonction de sable, ce qui explique que ces charrues sont relativement lourdes comparées à celles des terres rouges ("semman").Les pièces de bois sont façonnées par l'artisan taccan (charpentier- charron). Le bois de l'age provenant des montagnes est acheté en principe lors du pèlerinage au temple de Perumal à Muttalapuram (22 miles à l'ouest) au mois d'"ani" (de même que le bois dur pour les pilons). Avec la façon, 7 roupies. Plutôt rare aujourd'hui (les bois de pays sont moins chers). La fabrication de 5 seps par an (bois fourni par l'usager) est l'une des prestations traditionnelles de l'artisan (contre-prestation en nature, à la récolte, etc.)La garniture du soc est fabriquée par le forgeron (Kollan). Le sep s'use vite ; on remplace le soc par un plus petit, et quand le sep est très réduit par l'usure, il sert au labour en terre inondée. La liaison du joug et de l'age est réalisée par la corde qui, fixée à l'arrière, vient faire un tour autour du milieu de l'age, passe autour du joug et revient en arrière, le noeud de l'extrémité venant se bloquer dans le précédent. Le tour est à 60 cm environ du sep, variable pour rapprocher ou éloigner les boeufs (changement d'inclinaison), l'extrémité de l'age posée sur le joug le dépasse alors d'environ 25 cm. Variante : la corde plus courte est complétée par un anneau ("vadam") en fibre de palmier "paneiinaru" qui enserre le joug et vient se relier à la corde à 60 cm du bas. La corde se bloque comme précédemment, mais plus près du sep. Le même type de charrue est en usage partout, parfois plus léger et transporté simplement sur l'épaule. Les charrues sont dans ce village l'objet d'un culte au début de l'année tamoule. Les initiales du propriétaire sont souvent inscrites, surtout sur le mancheron (contre la "perte").