Linteau
Objet
- Classification : Objet
- Géographie : Afrique – Afrique septentrionale – Maghreb – Maroc – Rabat-Salé – Rabat
- Date : 14e - 15e siècle
- Matériaux et techniques : Bois de cèdre
- Dimensions et poids : 345 x 61 x 4,5 cm, 59,5 Kg
- Précédente collection : Musée national des arts d'Afrique et d'Océanie (Maghreb) ; Ancienne collection : Mohammed Dias ; Dépositaire : Musée du Louvre, Arts de l'Islam ;
- Exposé : Non
- Numéro d'inventaire : 74.1961.5.4
Description
Le champ du panneau est orné d'une frise d'arcatures alternant des arcs géminés à pendentif et des arcs ogivaux reposant sur des colonnettes. La courbure des arcs est doublée, vers l'extérieur, d'un second tracé à festons et nervures surmonté, au sommet de chacune des ouvertures, d'un fleuron trilobé. Les écoincons développent un décor végétal et floral. Le mot al 'afiya (la santé), calligraphie en coufique fleuri (caractères anguleux), est entremêlé au décor. Traces de polychromie.
Usage
Linteau provenant d'un palais d'époque mérinide situé rue Sidi Fatah, à Rabat et démoli au 20e siècle"Le linteau dut être d'un usage fréquent dès le début du XIVe siècle, alors qu'est attestée au Maroc cette passion des logis somptueux, dont parle 'Ibn Khaldun'. La boiserie présentée ici, semble constituer un exemple caractéristique du genre. Le champ du panneau est orné d'une frise de type architectural en arcatures à plusieurs voussures, utilisant simultanément de grands arcs géminés, à pendentifs, amorçant la suite de la composition aux deux extrémités du panneau ; et des arcs ogivaux intercalaires à festons, de taille plus réduite. La courbure des arcs est doublée, vers l'extrados, d'un second tracé à festons et nervures, surmonté, au sommet de chacune des ouvertures, d'un fleuron généralement trilobé, plus fourni et de facture plus élaborée à la partie médiane de la composition. Ces fleurons s'emboîtent régulièrement dans un petit motif arqué en plein cintre, mordant sur un fin bandeau supérieur à rosettes à quatre pétales. Les écoinçons développent un décor végétal et floral, se poursuivant à l'intérieur du champ circonscrit par le second tracé des arcs. Vigoureusement traité, ce décor utilise des palmes digitées et des palmes triangulaires s'échappant d'un culot à deux lobes : soit courtes et rigides, soit longues et courbées ; il conserve, comme dans le reste du panneau, des traces de polychromie. La retombée des arcs est soutenue par des colonnettes à fût mince, dont la silhouette, simplifiée, et les chapiteaux à surface dépourvue d'ornementation, ne sont pas sans rappeler les supports des monuments mérinides. A la différence des trois petits arcs intercalaires renfermant une composition ascendante, végétale et florale, où se distinguent également des palmes triangulaires courtes à culot bilobé, les grands arcs reçoivent, d'une part un décor tapissant d'une large facture, utilisant une composition étalée à fleurons trilobés et à figures cordiformes, et d'autre part, un décor épigraphique en élégant coufique, entremêlé de motifs végétaux et floraux. En ce qui concerne le décor épigraphique, il convient de noter l'emploi de l'écriture anguleuse, alors remplacée sur la quasi-totalité des monuments de l'époque, par une cursive calligraphique triomphante. La formule reproduit une courte eulogie : [caractères non latins], évoquant l'idée de prospérité, de paix et de quiétude. Elle revêt l'aspect d'une composition à double corps du type affronté, répétant le même mot. L'aménagement du champ épigraphique, d'une heureuse venue, et la facture des caractères, combinant judicieusement les techniques les plus élaborées du coufique (ex. lettres à hampes dressées, brisées à angle droit ou dessinant, avec les hampes adventices, en motifs de rappel, d'élégants arcs lobés, etc.), confèrent à cette partie de l'ornementation du panneau, une valeur documentaire, pouvant autoriser l'étude de ce type de coufique, attesté en Ifriqiya et en Orient depuis le XIe siècle (où il était depuis lors pratiquement abandonné), et des causes déterminant sa réminiscence au Maghreb extrême au XIVe siècle."