2 _ Altérité plurielle

Des perspectives ethnographiques aux revendication du style de l’artiste

Contenu

Parcours détaillé de "Peintures des lointains"

2e partie : altérité plurielle

« La relation avec l'autre est une relation avec un Mystère. C'est son extériorité, ou plutôt son altérité (...) qui constitue tout son être » (Emmanuel Levinas, Le temps et l’autre)

Cette galerie de portraits illustre la rencontre avec des hommes et des femmes issus d’autres cultures que celle de l’artiste. La rencontre avec les êtres originaires d’autres continents peut s’accomplir dans un espace proche du peintre, mais implique le plus souvent un voyage lointain.

La plupart de ces portraits ont été peints, dessinés ou gravés entre le milieu du 19e siècle et la fin de la première moitié du 20e siècle. La hiérarchie des races et une conception évolutionniste de l’être humain, du plus sauvage au plus civilisé, étaient dominantes à cette période dans les milieux scientifiques européens.

D’une œuvre à l’autre, un glissement s’observe d’une représentation stéréotypée de l’étranger à une observation plus sensible de l’individualité. Dans ces tableaux et dessins, les figures de l’altérité oscillent ainsi entre objectivité et subjectivité, perspectives ethnographiques et revendication du style de l’artiste.

Pour l’artiste, nul besoin de voyager loin pour croiser des modèles originaires de régions lointaines. Dès la Renaissance, ambassadeurs et représentants des contrées étrangères en visite dans les capitales européennes posent pour les artistes. Les esclaves inspirent des portraits de domestiques, le plus souvent aux côtés de leur maître blanc.

A partir de la fin du 18e siècle, avec les combats pour l’abolition de l’esclavage, les modèles noirs sont de plus en plus nombreux dans les ateliers d’artistes européens comme l’Haïtien Joseph, modèle de Théodore Géricault (1791-1824). En 1839, le peintre américain George Catlin (1796-1872) entame une tournée européenne pour faire connaître son travail sur les tribus indiennes dont il a fait le portrait.

Visiteurs lointains

Le dernier tiers du 18e siècle est marqué par une intensification des voyages de navigateurs français et britanniques dans l’océan Pacifique. Ils mobilisent une communauté de savants : botanistes, zoologues, hydrographes et astronomes.

À bord, un artiste est généralement chargé de représenter les paysages et les habitants des îles. Au retour, les dessins servent de modèles pour les illustrations gravées des atlas de récits de voyage.

Habitués par leurs maîtres, peintres néoclassiques, à prendre pour modèle l’art antique, les artistes embarqués ont quelque difficulté à se détacher de leur formation académique. Ils transposent les canons de la statuaire grecque dans la représentation de guerriers et danseurs des mers du Sud.

1 - Innocence, beauté et idéalisation

Dans la seconde moitié du 19e siècle, l’étude des civilisations lointaines prend de l’ampleur au sein des milieux scientifiques européens. Les premiers musées d’ethnographie ouvrent leurs portes. Les ferments de cette science naissante s’observent également dans la manière dont certains artistes représentent les modèles rencontrés au cours de leurs voyages lointains.

La description se veut objective. Les traits physiques sont à l’époque considérés comme primordiaux pour distinguer différents groupes humains improprement nommés « types » ou « races ». D’autres distinctions ou parentés entre les groupes humains apparaissent sous la plume des dessinateurs. Il en est ainsi des traits culturels : la manière de se vêtir, de se coiffer, de se parer, autant de détails restitués avec une grande finesse.

 

2 - Perspectives ethnographiques

Dans la seconde moitié du 19e siècle, lors de l’exposition annuelle du Salon à Paris, les rêves d’Orient des peintres côtoient des images plus proches de la réalité. Les séjours d’artistes en Afrique du Nord se multiplient et durent plus longtemps. Ils donnent lieu à une description plus précise des scènes observées. Souvent placé à quelque distance, le peintre saisit ses modèles dans des attitudes quotidiennes, en extérieur, dans la rue ou sur le seuil des édifices.

Épris d’Orient, plusieurs artistes, dont Eugène Leroy (1836-1907), fondent en 1895 la Société des peintres orientalistes français. Elle vise à diffuser les œuvres de ses membres, mais aussi à faire connaître les cultures orientales, en particulier les arts anciens de l’Islam. Grâce à l’attribution de bourses de voyage, elle encourage la circulation des artistes.

 

3 - Orientalisme et réalisme

Quel regard l’artiste porte sur l’altérité ? La représentation de « types humains » a connu une grande fortune à la période coloniale, reflet de la théorie des races largement majoritaire dans les milieux scientifiques européens au 19e siècle et au début du 20e siècle.

Cependant une sensibilité nouvelle se fait jour dans l’œuvre de certains artistes. Une attention particulière est portée au regard du modèle, à son expression et aux émotions apparentes dans les traits de son visage. Avec le développement des mouvements d’avant-gardes européens, représenter l’autre devient peut-être moins important que de trouver d’autres manières de représenter. Ils conduisent l’artiste à explorer de nouvelles voies chromatiques ou formelles.

4 - Du naturalisme à la stylisation : le peintre et son modèle

Les expéditions géographiques de la Renaissance marquent l’avènement des allégories des quatre continents. Quelques siècles plus tard, les puissances coloniales européennes encouragent la création de nouvelles allégories. Commandés aux artistes dans le cadre des expositions universelles et coloniales, de vastes fresques symbolisent chaque territoire de l’Empire, à partir de ses éléments les plus typiques.

En 1935, Jeanne Thil (1887-1968) peint sur commande une série de neuf grandes toiles pour le palais de la France d’Outre-Mer de l’Exposition universelle de Bruxelles. Chaque composition, savamment rythmée et aux couleurs lumineuses, représente une colonie française. Certains des motifs représentés se retrouvent dans les campagnes de promotion touristique, comme les affiches réalisées par l’artiste pour des compagnies de navigation.

 

5 - Langage allégorique

"Peintures des lointains" : parcours détaillé

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et ressources autour de l'exposition

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1 _ Séduction des lointains

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3 _ Appropriation des lointains

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Ressources autour de l'exposition

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