Une programmation originale de films ethnographiques proposée par Baptiste Buob, chargé de recherche au CNRS, et Damien Mottier, maître de conférence à l'Université Paris Ouest Nanterre-La Défense, qui témoigne de la richesse et de la diversité des sujets cinématographiques liés à l'ethnologie - du tourisme au rituel du repas, en passant par la pêche intensive -, et retrace les évolutions formelles et théoriques du genre, de 1950 à nos jours.
Selon une idée encore largement répandue, l’ethnologue ne s’intéresserait qu’aux seules sociétés éloignées, censées vivre à l’abri de la « modernité ». Mais le temps où l’ethnologie était l’apanage des seuls chercheurs-aventuriers séjournant aux côtés de populations isolées est depuis longtemps révolu.
Les sociétés sont plus que jamais engagées dans des échanges permanents et les ethnologues étudient aussi bien les populations éloignées que les leurs. À travers une plongée dans des sujets et des formes cinématographiques éclectiques, la programmation de la salle de cinéma offre l’occasion de questionner la relation entre le proche et le lointain. La plupart des films retenus ont en commun d’opérer des changements de perspectives bouleversant tout autant les modes d’appréhension de notre propre société que les façons de la concevoir et, plus généralement, de percevoir l’altérité. Ils sont autant de façons de dévoiler des réalités insoupçonnées, de tourner en dérision certains de nos comportements les plus ordinaires, de toucher du regard des réalités autrement insaisissables ou d’opérer des changements de perspective radicaux. - Baptiste Buob et Damien Mottier.
Samedi 14 mars 2015
11h30
- Les statues meurent aussi, Alain Resnais et Chris Marker, 1953, 30 min.
Dans la tradition du cinéma de montage, Les Statues meurent aussi est une réflexion sur l'art africain, sur sa puissance et sa dégradation, ainsi qu’une dénonciation de la colonisation et une revendication de l'égalité raciale.Le film est resté interdit pendant dix ans, et ne fut projeté intégralement qu’en 1968.
12h00
- First contact, Bob Connolly & Robin Anderson, 1982, 52 min.
En 1930, trois jeunes chercheurs d’or quittent l'Australie pour la Nouvelle-Guinée, où ils rencontrent les Papous du centre de la Nouvelle-Guinée et filment leurs réactions, confrontés pour la première fois à l’homme blanc. Cinquante ans plus tard, Bob Connolly et Robin Anderson montrent aux Papous, en jeans et baskets le film de ce premier contact. First contact (1983) est le premier volet de la "Trilogie papoue".
13h00
- Cannibal tours, Dennis O'Rourke, 1988, 70 min.
Regard réciproque de touristes européens et de Papous sur les bords du fleuve Sépik en Nouvelle-Guinée. Le réalisateur interroge le spectateur sur le regard porté sur l'autre. Qui sont les plus curieux, les autochtones ou les touristes ?
14h15
- Les gestes du repas, Luc de Heusch, 1958, 22 min.
Dans ce court métrage, Luc de Heusch décrit avec ironie toutes les facettes de la culture de table de la Belgique, en captant les gestes quotidiens et répétitifs de ses compatriotes, toutes classes sociales confondues, à travers diverses situations : le marché, le repas rapide, le diner, le repas de fête...
- Eat, Vivian Ostrovsky, 15 min, 1988.
Eat observe avec humour les mœurs de table chez certains humains et animaux, dans une variété de situations.
- Le temps des bouffons, Pierre Falardeau, 1993, 15 min.
Ce film pamphlétaire montre une fête impliquant la bourgeoisie anglaise de Montréal lors d’un rassemblement privé du Beaver Club. Pierre Falardeau trace un parallèle entre la situation du Québec et la réalité coloniale qui, depuis la défaite des plaines d’Abraham, est imposée au peuple québécois par le conquérant anglais.
16h30
- O Santo Daime, Patrick Deshayes, 1992, 98 min.
A partir du Santo Daime, l’une des nouvelles religions nées au Brésil, Patrick Deshayes montre toute la complexité des rapports entre une modernité économique et politique, qui offre des conditions particulières à la naissance du mouvement, et le mouvement lui-même, qui module ses rites et ses discours en fonction des attentes de son auditoire.
18h15
- Huie’s Sermon, Werner Herzog, 1981, 40 min.
Les pratiques religieuses d'une communauté noire dans le quartier de Brooklyn à New York. Le prédicateur Huie chante et incite les fidèles à participer avec enthousiasme.
19h
- The Cat, the Reverend and the Slave, Alain Della Negra et Kaori Kinoshita , 2009, 80 min.
Le premier rêve depuis toujours d'être un chat. Le second prêche les évangiles dans une église virtuelle. Le troisième contrôle ses esclaves depuis sa chambre. Un documentaire sur trois communautés emblématiques du monde virtuel de Second Life.
Dimanche 15 mars 2015
11h30
- Animal Tracks, Jeff Winch, 1995, 28 min
Ce documentaire expérimental explore les relations qu’ont les américains avec les animaux, en filmant divers lieux : un zoo, un musée, une ferme, un abattoir... Le tout sur une bande originale composée de bruits d’animaux et rythmes hypnotiques.
12h
- Si bleu, si calme, Eliane de Latour, 1995, 61 min.
Comment résiste-t-on à la privation de liberté ? En agissant sur le cadre mis à disposition par l’administration pénitentiaire : création de décors, évasion par la pensée et les rêves, invention de liens sociaux. Les rituels personnels se superposent à ceux de l’institution carcérale.
13h30
- Essene, Frederick Wiseman, 1972, 86 min.
Essene montre le quotidien d'un monastère Bénédictin du Michigan. Alors que l'exaltation du beau et du bien est au cœur du fonctionnement de ce monastère, des tensions entre individus et institution apparaissent peu à peu et montrent que le monde extérieur n'épargne pas ce groupe de moines.
15h
- La Devinière, Benoît Dervaux, 2000, 90 min.
Le 18 février 1976, La Devinière, un lieu de psychothérapie institutionnelle, ouvrait ses portes à 19 enfants réputés incurables, exclus par tous. Ni le sens commun, ni la psychiatrie, ni la pédagogie ne pouvaient les admettre et les reconnaître. Au fil des saisons, Benoit Dervaux a filmé au plus près ce lieu qui a fait rejaillir la vie là où tout semblait condamné.
16h30
- Violin Fase, Eric Pauwels, 1986, 11 min.
Un solo qui se joue à deux : la danse et la caméra. Eric Pauwels fait tourbillonner son objectif autour du corps d'Anne Teresa de Keersmaeker. Ce que l'on voit, ce n'est pas une structure chorégraphique géométrique et minimaliste, c'est une femme possédée, qui baigne dans sa sueur et explore les limites de l'épuisement physique.
16h45
- Leviathan, Lucien Castaing-Taylor et Véréna Paravel, 2013, 87 min
Leviathan est un film documentaire expérimental montrant la brutalité du travail en haute mer. Cette visite d’un bateau de pêche industrielle évoque autant le cinéma fantastique ou d’horreur que l’art contemporain.
- Durée : 08:00
- Lieu : Salle de cinéma
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Dates :
Du samedi 14 mars 2015 au dimanche 15 mars 2015 de 11:30 à 19:00 -
Accessibilité :
- Handicap moteur
- Public : Handicap moteur, Tous publics
- Categorie : Cycle de cinéma
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Gratuit (dans la limite des places disponibles)
- Dans le cadre de : L'ethnologie va vous surprendre !