Le 30 nov. 2023

Collectionner le vivant

Présentation du n°36 de la revue « Gradhiva »

Avec Mélanie Roustan et Serge Reubi, coordinateurs du dernier numéro de la revue.

à propos du numéro :

À l’heure du déclin de la biodiversité, entre inventaire du vivant, domestication du sauvage et conservatoire de la vie, les collections vivantes des jardins, musées et laboratoires, qui incarnaient alors la mainmise des humains sur la nature (colonisée),  ristallisent aujourd’hui leur vulnérabilité dans une dialectique du maître et de l’esclave revisitée. Ni images ni objets, les animaux, plantes ou micro-organismes collectionnés vivants échappent aux catégories classiques de la science et du patrimoine.
Ces spécimens, aussi signifiants ou évocateurs soient-ils, et bien que souvent échantillonnés sur des critères de représentativité, collectés, classés ou montrés pour représenter une espèce ou une idée, n’en demeurent pas moins des êtres vivants bien réels – séparés de leur milieu, étiquetés, classés, étudiés, contraints, exposés.

Dans la collection du vivant, s’ajoute à l’enjeu épistémologique de la bonne échelle de collecte (le fragment, le spécimen, l’ensemble…) et des limites de l’interprétation muséologique, celui de l’arrachement à un territoire et de la spoliation d’une communauté. En miroir se dessine le problème de ce qui reste, de ce qui manque, de l’écosystème appauvri ou du groupe social dépossédé – et de ce qui revient lorsque l’on entend restituer, réintroduire, réensemencer ou revitaliser. Muet mais animé, le vivant renouvelle ainsi les questions éthiques et politiques posées par toute mise en collection : celle de l’autorité et de l’appropriation, celle de la réification et celle de l’(im)permanence des choses.

SOMMAIRE

  • Introduction, Le vivant et la collection

Par Mathilde Gallay-Keller, Serge Reubi et Mélanie Roustan

  • Dossier

Le temps incorporé des collections. La collecte et la circulation des plantes entre l’Amérique et l’Europe au milieu du XVIIIe siècle ; par Samir Boumediene.

Quand l’ivoire devient gênant. L’exposition de collections d’ivoires dans les musées à Hong Kong, Canton et Taipei ; par Claire Bouillot.

Échantillons vivants sur fiches cartonnées. Science coloniale et archives de sang séché des années 1950 à nos jours ; par Ricardo Roque.

  • (Dé)chiffrer l’animal sauvage. De l’administration numérique des collections vivantes en parcs zoologiques ; par Mélanie Roustan.
  • Portfolio

Putois à pieds noirs et bio-banques d’animaux sauvages. Reconstituer la biodiversité grâce à des collections congelées ; par Adrian Van Allen.

  • Entretien

Avec Fahim Amir. De la mise en collection comme violence et des formes de résistance du vivant ; par Mathilde Gallay-Keller, Serge Reubi et Mélanie Roustan.

  • Traduction

La collection Král, dispositif pionnier. Fournir des microbes de référence, vivants et en images, dès 1889 ; introduit par Mathilde Gallay-Keller.

  • VARIA

La fin des corps. Notes sur les apocalypses silencieuses de Jean-Luc Godard et d’Ernesto De Martinoen Jamaïque et au-delà (1930-2020) ; par Nicola Martellozzo.

  • Chroniques scientifiques
  • Cinéma et livres.

En collaboration avec le Comité du film ethnographique, festival Jean Rouch – pour la partie Cinéma

  • Lieu :   Salon de lecture Jacques Kerchache
  • Dates :
    Le jeudi 30 novembre 2023 de 18:00 à 19:30
  • Accessibilité :
    • Handicap auditif bim (T)
    • Handicap moteur
  • Public :   Tous publics
  • Categorie : Les RDV du salon de lecture Jacques Kerchache
  • Gratuit (dans la limite des places disponibles)