L’Université populaire poursuit son exploration des transmissions : ses modalités dans le temps, dans l’histoire et dans les différentes sociétés qui composent notre monde humain et non-humain.
Comment les morts nous parlent-ils ?
Le commerce des morts et des vivants, de la Renaissance européenne à la Mongolie d’aujourd’hui
Caroline Callard, historienne en discussion avec Grégory Delaplace, anthropologue
Modération Anne Lafont
La conférence se propose d’enquêter sur une forme singulière de transmission : celle que les morts adressent aux vivants et que ces derniers appellent de leurs vœux ou hésitent à accueillir. En faisant intervenir une historienne (un peu anthropologue) et un anthropologue (un peu historien), il s’agira de cerner, dans différents contextes, à différentes époques, la façon dont cette transmission s’assure, s’interrompt ou s’interdit, au moyen de dispositifs savants d’ordres divers : technologiques, juridiques, médiumniques, théologiques, etc. Entre l’Europe du XVIe siècle, hantée par les massacres des guerres de religion, la Mongolie prise entre des voisins potentiellement envahissants, et l’Angleterre de l’entre-deux guerres, des points de comparaison inédits pourront se faire jour, et permettre de qualifier ce qui, dans un régime de transmission donnée, celui des « fantômes », concourt à en intensifier ou à en discontinuer le signal.
Caroline Callard est historienne, spécialiste de la longue Renaissance (fin XVe-mi XVIIe siècles), directrice d’études de l’EHESS et membre du CéSor (Centre d’études en sciences sociales du religieux). Ses travaux portent sur les liens entre le pouvoir et l'histoire, les usages et les manipulations du passé, mais aussi sur les individus et les groupes porteurs d'expériences singulières dans leurs rapports au temps et à la mémoire, selon une perspective socio-anthropologique. Elle a notamment publié Le Temps des fantômes. Spectralités de l’Ancien Régime (2019) ; Le Prince et la République. Histoire, pouvoir et société dans la Florence des Médicis (2007), avec Elisabeth Crouzet-Pavan et Alain Tallon, La Politique de l’histoire en Italie, XIV-XVIe siècle (2014).
Grégory Delaplace est anthropologue et travaille en parallèle sur deux types de documentation : une ethnographie mongoliste au long cours, qui l’a conduit à décrire les relations discrètes que les pasteurs nomades du nord-ouest entretiennent avec leurs morts, et une incursion dans les archives de la Société pour la recherche psychique britannique, dont il a étudié les enquêtes des représentants dans les maisons hantées du pays à différents moments du XXe siècle. Directeur d’études à l’EPHE et membre du GSRL, il est l’auteur de deux monographies : L’invention des morts. Sépultures, fantômes et photographie en Mongolie contemporaine (2008) et Les intelligences particulières. Enquête dans les maisons hantées (2021). Depuis 2020, il dirige la revue d’anthropologie L’Homme.
La conférence est également accessible en ligne sur YouTube.
- Durée : 01:30
- Lieu : Théâtre Claude Lévi-Strauss
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Dates :
Le mercredi 16 novembre 2022 de 18:30 à 20:00 - Public : Tous publics
- Categorie : Université populaire
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Gratuit (dans la limite des places disponibles)