La conférence est également accessible en ligne sur YouTube. 

Comment rendre compte de la réalité sociale nouvelle que fut  « l’école des Blancs » en Afrique occidentale de la fin du 19e siècle au temps des indépendances ? Instrument de domination mais aussi d’émancipation, l’école coloniale, très inégalement développée selon les territoires, a recomposé les hiérarchies de classe et de genre dans les sociétés africaines. Elle apparaît de fait comme un sujet éminemment politique, tant les liens furent étroits entre scolarisation et contestation de la domination française. Tout en revenant sur les acteurs et les actrices, sur les enjeux de la « mission civilisatrice », sur la volonté « d’adapter » l’enseignement aux colonisés, sur les conditions de recrutement des élèves et sur le contenu des programmes, il sera aussi question des effets sociaux de cette vaste entreprise d’ingénierie sociale. Comment les enfants passés sur les bancs de l’école française en Afrique ont-ils vécu cette expérience, que sont-ils devenus, de quelle marge de manœuvre disposaient-ils dans un contexte où l’exigence de « civilisation » allait de pair avec le maintien d’une « juste distance » entre colonisateurs et colonisés ? 

Pascale Barthélémy est historienne, maîtresse de conférences en histoire contemporaine à l’ENS de Lyon et membre du Laboratoire de recherches historiques Rhône-Alpes (LARHRA). Spécialiste de l’histoire des femmes et du genre en Afrique à l’époque coloniale, elle a publié, entre autres,  Africaines et diplômées à l’époque coloniale (1918-1957) (Rennes, PUR, 2010) et co-édité les numéros «Colonisations» (2011) et «Citoyennetés» (2016) de la revue Clio. Femmes, Genre, Histoire. Après avoir écrit sur l’éducation des filles, elle s’intéresse actuellement aux mobilisations politiques des femmes en Afrique et aux liens entre féminisme et colonialisme. Son prochain livre, Sororité et colonialisme. Françaises et Africaines au temps de la guerre froide (1944-1962) paraîtra en 2022 aux Editions de la Sorbonne.