Le 18 mai 2022

Vengeance ou anthropocentrisme exacerbé : les ambiguïtés de la bellicosité amérindienne

Avec Emmanuel Désveaux, Anne-Christine Taylor

Pour le nouveau cycle de son Université populaire en 2022, le musée du quai Branly - Jacques Chirac a souhaité croiser les disciplines et confronter les points de vue. Pour ce faire, il a confié la programmation à l’historienne de l’art Anne Lafont et l’anthropologue Anne-Christine Taylor, qui ont conçu un programme ouvert et exigent autour de la notion de transmission.

La conférence est également accessible en ligne sur YouTube

Qu’ils soient spécialistes de l'Amérique du Nord ou de l'Amérique du Sud, la plupart des anthropologues et des ethno-historiens interprète en général la bellicosité amérindienne comme étant principalement animée par la vengeance. Après avoir souligné les similitudes profondes entre toutes les formes de guerre qui surgissent d'un bout à l'autre du continent, nous tenterons de montrer qu’elles ne relèvent pas tant de la vengeance — laquelle suppose pour s'exercer l'existence d'un autre — que d'une nécessité d'affirmer son humanité au détriment de toutes les autres expressions éventuelles de celle-ci, au premier rang desquelles se trouvent les entités sociales voisines. La guerre amérindienne vise à faire des humains autres que soi des non-humains, littéralement. Un parallèle peut être établi alors entre prédation externe et prolifération interne, entre l'activité masculine par excellente, anéantir l'ennemi, et la vocation première des femmes, à savoir, engendrer.   

Emmanuel Désveaux est Directeur d’études à l’EHESS. Il est également Adjuct Professor (titre honorifique) à l'université de l'Indiana à Bloomington. Antérieurement, il avait été directeur scientifique du musée du quai Branly - Jacques Chirac (2001-2006) et plus récemment directeur des Editions de l'EHESS (2013-2018). De 2014 à 2018, il a été coordinateur d'un programme de l’Agence Nationale de la Recherche dédié au diffusionnisme et à la diversité culturelle.

Ses principaux terrains concernent les Indiens d’Amérique du Nord et, plus récemment, les Alpes. Spécialiste de Lévi-Strauss, il coordonne à l'heure actuelle un autre programme de l’Agence Nationale de la Recherche consacré aux carnets de terrain de Lévi-Strauss, menée en coopération avec la Bibliothèque nationale de France et l'Ecole normale supérieure. Depuis quelques années, il s'intéresse en parallèle aux relations entre les hommes et les femmes dans une perspective critique par rapport aux courants qui dominent aujourd'hui les études de genre. L’ouvrage Sexualités, sociétés, nativités. Une enquête anthropologique -à paraître en 2022 chez Champ Vallon- est consacré à cette question envisagée dans une perspective comparative transculturelle et transhistorique.

Emmanuel Désveaux a été commissaire de l’exposition Kodiak, Alaska, les Masques de la collection Alphonse Pinard (2002). Il a été professeur invité dans de nombreuses universités à l’étranger (notamment en Allemagne, en Autriche, au Canada, aux Etats-Unis et au Brésil).   

 

  • INTERVENANTS

    • Emmanuel Désveaux, Directeur d’Etudes à l’EHESS, Adjunct Professor, University of Indiana, Bloomington
    • Anne-Christine Taylor

    Cycle : la guerre

  • Durée :  01:30
  • Lieu :   Théâtre Claude Lévi-Strauss
  • Dates :
    Le mercredi 18 mai 2022 de 18:30 à 20:00
  • Public :   Tous publics
  • Categorie : Université populaire
  • Gratuit (dans la limite des places disponibles)

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Vengeance et temporalité dans les mondes amérindiens | Université populaire
Université populaire 2021/2022, Thème 3 : La guerre Vengeance et temporalité dans les mondes amérindiens Le mercredi 18 mai 2022 Avec Emmanuel Désveaux, Directeur d’Etudes à l’EHESS, Adjunct Professor, University of Indiana, Bloomington Modéré par Anne-Christine Taylor Qu’ils soient spécialistes de l'Amérique du Nord ou de l'Amérique du Sud, la plupart des anthropologues et des ethno-historiens interprète en général la bellicosité amérindienne comme étant principalement animée par la vengeance. Après avoir souligné les similitudes profondes entre toutes les formes de guerre qui surgissent d'un bout à l'autre du continent, nous tenterons de montrer qu’elles ne relèvent pas tant de la vengeance — laquelle suppose pour s'exercer l'existence d'un autre — que d'une nécessité d'affirmer son humanité au détriment de toutes les autres expressions éventuelles de celle-ci, au premier rang desquelles se trouvent les entités sociales voisines. La guerre amérindienne vise à faire des humains autres que soi des non-humains, littéralement. Un parallèle peut être établi alors entre prédation externe et prolifération interne, entre l'activité masculine par excellente, anéantir l'ennemi, et la vocation première des femmes, à savoir, engendrer. Programmation complète de l'Université populaire 2021/2022 sur https://www.quaibranly.fr/fr/expositions-evenements/au-musee/universite-populaire/ #UnivPop
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