Entretien avec Éric de Visscher

musicologue et commissaire du nouveau parcours sonore

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A l’approche de l’inauguration du nouveau parcours sonore, Éric de Visscher, musicologue et commissaire du parcours nous parle plus en détail de ce projet.

Le 17 septembre prochain, les visiteurs auront l’opportunité de parcourir le musée en sons et en musiques. Un tel projet est-il inédit ?

Pouvoir s'approprier les collections par les sens, à commencer par le son, intéresse le monde des musées depuis bientôt dix ans. Mais notre parcours sonore se distingue par son échelle. Nous l’avons pensé sur l’ensemble du plateau des Collections afin de proposer une expérience globale aux visiteurs. En ce sens, oui, c’est une première.

Comment est née l’idée de ce parcours sonore ?

Le musée m’a contacté en 2020 alors que j’officiais au Victoria & Albert Museum de Londres. En tant que professeur invité, j’y explorais la dimension multisensorielle du musée, et notamment l’utilisation du son comme une manière d’enrichir l’expérience de visite, comme un outil d’interprétation ou de médiation. Le projet du musée du quai Branly partageait la même ambition : concevoir d’une part le parcours des collections comme un espace sonore et d’autre part, mettre en valeur la dimension immatérielle du patrimoine.

Comment avez-vous construit ce parcours sonore ?

Dans un premier temps, nous avons mené une mission de diagnostic afin de savoir quels contenus sonores garder, modifier, supprimer. Une seconde phase d’étude a ensuite été menée par un cabinet d’acoustique pour savoir comment traiter l’espace : quelles sont les nuisances dans le bâtiment, comment le son se propage, quelles zones privilégier… Un cahier des charges a été défini en collaboration avec l’ensemble des services du musée. Sa mise en œuvre a été confiée à trois designers du son – Luc Martinez, Simon Cacheux et Julia Griner – sélectionnés par la société Narrative, et le pilotage à un consultant extérieur, le compositeur, chercheur et field recordist Thomas Tilly, et moi-même.

Comment éviter la cacophonie ?

Nous avons utilisé l’espace du plateau des Collections comme une caisse de résonance, en évitant toute idée d’intrusion : le son y est présent mais se fait tout aussi discret par moments. Pour cela, l’espace sonore a été conçu sur deux niveaux. Le premier, avec des points d’écoute localisés, propose du contenu musical en lien direct avec les œuvres présentées. Il s’agit ici de faire entendre une dimension manquante : si c’est un instrument de musique par exemple, c’est le son qu’il produit, si c’est un objet de rituel, c’est donner l’ambiance du rituel, etc. Le deuxième niveau, la « trame » sonore, relève plus du domaine sensoriel, avec une série de contenus sonores plus diffus, indirectement liés aux objets exposés.

Qu’est ce qui compose cette bande-son ?

Nous avons travaillé sur toutes sortes de sons – musicaux, d’ambiance (naturelle ou urbaine), des voix… – collectés dans le monde entier par plusieurs artistes. Le travail des designers a ensuite été de les mixer, de les intégrer dans une trame générale, une œuvre finale qui compose le paysage, la trame sonore des collections.

En savoir plus sur le nouveau parcours sonore du Plateau des Collections.