Depuis septembre 2021, une partie du parcours Afrique sur le plateau des collections est renouvelée avec la présentation de près d’une trentaine d’œuvres du Nigéria, dont certaines récemment entrées dans les collections.
Une nouvelle sélection d'œuvres du Nigéria
Sur le plateau des Collections
Contenu
Sur les rives du fleuve niger
La nouvelle zone du parcours Afrique s’articule autour d’une « place de danse » au centre de laquelle trône le masque monumental ijele en éléments végétaux et tissus de couleurs vives. Héritier de cette tradition, l’artiste igbo Mike Chukwukelu a créé cet imposant ijele spécialement pour l’exposition parisienne Magiciens de la Terre en 1989 ; l’œuvre intégra par la suite les collections nationales.
Thématique de la couleur
Autour de ce masque multicolore haut de plus de trois mètres, une nouvelle sélection d’œuvres du Nigéria met en valeur des éléments d’architecture sculptés et une nouvelle thématique autour de la couleur.
La grande diversité des nuances de couleurs des perles de verre est mise en avant dans une présentation d’objets cultuels yoruba perlés ou enrichis de cauris qui se rattachent à Ifa (divination), Orisa Oko (agriculture) et Shango (tonnerre et fertilité). Ce bel ensemble illustre la modernité de décors abstraits, figuratifs ou symboliques en deux ou trois dimensions au service des cultes les plus prestigieux et de la royauté.
Cet espace transculturel rassemble des collections anciennes mais aussi de nouvelles acquisitions, en particulier le don du photographe et collectionneur Xavier Richer.
Olorun, Dieu créateur et modèle de la royauté humaine, siège au ciel entouré d’un panthéon d’orisha (divinités secondaires) qui organisent la communication entre les hommes et le divin. Les yoruba, établis au sud-ouest du Nigéria et au sud-est du Bénin (Kétou et Sabé), étaient à l’époque pré-coloniale organisés en royaumes qui se rattachent par filiation à la ville mythique d’Ife, lieu de création du monde. Leurs productions artistiques expriment à travers le bois, terre cuite, métal, textile, perlages, une vision du monde puissante animée par l’énergie vitale (ashe).
Boîte ile ori bayaani
- Nigéria
- 19e - Début du 20e siècle
- cauris, tissu, cuir, métal, fibres, végétales, pierre.
- 70.2019.57.11.1-3
Cette boîte à compartiment abrite l’ibori, des objets de petite taille remplis de poudre divinatoire et ingrédients magiques. Ils évoquent la force et l’endurance de la personnalité individuelle. Les cauris, monnaie de l’époque pré-coloniale, appellent à la bénédiction matérielle et attestent de l’accomplissement de la destinée.
- Anciennes collections du Dr Gosse (Paris) et du collectionneur et photographe Xavier Richer.
- Don Xavier Richer.
Boîte ile ori
- Nigéria 19e - début du 20e siècle
- tissu, cuir, coton, cauris, métal, miroir, pierre de foudre
- 70.2019.57.13.1-3
Cet objet est un ile ori, petit habitat conçu spécialement pour abriter l’ibori, objet symbolisant la « tête intérieure », la destinée de celui auquel il est lié. Sa forme est issue de la couronne royale, allusion directe à la sacralité de la tête. La couleur rouge ou la pierre de foudre évoquent la divinité Shango du tonnerre et de la pluie, et par extension la richesse et la fertilité.
- Anciennes collections Gert Stoll et Xavier Richer.
- Don Xavier Richer
Boîte ade ori Baayanni
- Nigéria
- Entre la fin du 19e et le début du 20e siècle
- cauris, perles de verre, cuir, métal
- 73.1997.4.125.1-2
Cette boîte était utilisée dans le cadre du culte de Baayanni, frére aîné de la divinité Shango qui, au contraire de ce dernier, est de caractère paisible et patient.
- Ancienne collection Musée Barbier-Mueller, Genève.
- Acheté par le musée national des arts d’Afrique et d’Océanie à Monique et Jean-Paul Barbier-Mueller
Boîtes cultuelles yoruba
Les espaces architecturaux, dans un contexte prestigieux – les cours intérieures ou les entrées des palais en pays yoruba et nupe, ou cultuel – les maisons de réunion des hommes en pays igbo. La fonction d’accueil de la porte est soulignée par un langage décoratif local destiné à illustrer le statut d’un homme ou d’un groupe : figures animales et humaines, symboles auspicieux, images évoquant autorité et pouvoir. Les modèles nupe à plusieurs vantaux couverts de motifs ont fait la réputation du centre de sculpture de Lapai.
Porte
- Population igbo
- Nigéria
- Entre la fin du 19e et le milieu du 20e siècle
- bois
- 73.1990.1.1
Acheté par le musée national des arts d’Afrique et d’Océanie auprès d’Acher Eskenasy.
Porte
- Areogun d’Oso-Ilorin (1880 - 1954)
- Population yoruba
- Nigéria
- Première moitié du 20e siècle
- bois
- 73.1997.4.66
Cette porte de palais en bas- relief présente de haut en bas une superposition de cinq bandeaux historiés ; on y remarque des scènes de la vie quotidienne, deux femmes pilant ; d’autres scènes relatent des conflits telle cette femme aux prises avec des soldats au deuxième registre, ou encore des soldats et des musiciens avec un captif attaché à un bouclier au dernier registre.
- Ancienne collection musée Barbier-Mueller, Genève. Acheté par le musée national des arts d’Afrique et d’Océanie à Monique et Jean-Paul Barbier-Mueller
Porte sculptée par Musa Saidu
- Population nupe
- Nigéria Vers 1950 bois
Cette porte se compose de deux panneaux où sont sculptés un pangolin, une épée, une paire de sandales, une tortue, un oiseau et un python, un cadre de miroir, une couverture de coran, une amulette coranique. L’ensemble de ces éléments symbolise l’opposition nature et culture.
- Ancienne collection musée Barbier-Mueller, Genève.
- Acheté par le musée national des arts d’Afrique et d’Océanie à Monique et Jean-Paul Barbier-Mueller
Porte leku
- Population yoruba
- Bénin, département du Zou, village de Gauru
- 19e - début du 20e siècle
- bois d’iroko
- 71.1931.74.2426
Le cavalier coiffé d’une haute couronne, à droite et un couple enlacé à gauche forment les sujets principaux de la porte. Une planche coranique, un lézard, un serpent, une poule, un couteau dans son fourreau et les entrelacs royaux très géométrisés entourent ces personnages. Toutes ces images, qui n’ont pas de lien entre elles, sont très fréquentes dans le répertoire yoruba. Elle se réfèrent parfois à la tradition orale, citation de la sagesse populaire, qui prennent une forme visuelle ou des supports de critique sociale.
Portes sculptées du Nigéria et du Bénin
Manifestation des esprits d'ancêtres ou de divinités, le monumental masque ijele implique la communauté qui en est le commanditaire. Sa conception réclame d'importants moyens financiers et une année de travail par un artiste spécialisé qui s'entoure d'artisans. L'incorporation d'éléments importés et les variations chromatiques sont très appréciés.
Porté par un seul homme, à la suite de masques plus petits, l'ijele est une cérémonie publique exceptionnelle. Sa sortie est célébrée par des chants de louange, la présence d'orchestres, des danses et un public qui rivalise d'élégance pour l'événement.
Masque ijele
- Mike Chukwukelu (né en 1945)
- Nigéria, état d'Anambra, ville d'Awkuzu 1989
- bois, textile, laine
- n°73.1998.27.120
Ce masque ijele fut conçu pour l'exposition parisienne Les Magiciens de la Terre en 1989 qui fut la première en France à réunir des artistes contemporains du monde entier. Initié auprès de son père à la création de ce type de masque, l'artiste Mike Chukwukelu prépara à Akwuzu les 140 éléments de l'œuvre avec des artisans.
Il supervisa le plan général et l'assemblage du grand masque à Paris.
- Don de l'association de gestion de la Grande Halle de la Villette.
Masque ijele
Fers rituels d’Osanyin
- Population yoruba
- Nigéria 20e siècle fer
- 73.1997.4.146, .147, .148, .150, .151, .154, .155 (cliquez pour en savoir plus)
Osanyin, divinité des plantes médicinales, connaît la pharma copée traditionnelle issue de la forêt. Ses compétences dans le domaine curatif des maladies physiques et mentales complètent celles d’IfaOrunmila à travers son praticien, le devinherboriste, pour combattre les esprits surnaturels malveillants.
Son emblème en fer forgé, un arbre peuplé de seize oiseaux dominés par l’oiseau de Sanpona (variole), s’enfonce en terre comme un végétal. Comme Olodumare / Olorun, le dieu créateur, il voit tout et porte assistance à l’humanité qu’il surplombe.
- Ancienne collection musée BarbierMueller, Genève.
- Acheté par le musée national des arts d’Afrique et d’Océanie à Monique et JeanPaul BarbierMueller
Fers cultuels yoruba
Le devin, Babalawo, et le guérisseur, Onisegun, établissent des liaisons entre le remède, issu d’une combinaison de plantes médicinales, et les signes d’Ifa dessinés sur la poudre du plateau divinatoire.
Les recettes médicinales qui exploitent les propriétés agissantes des plantes sont associées à une incantation, ofo, prononcée au moment de la préparation, ou de l’emploi, affirmant la puissance activante du verbe. L’ofo garantit la réalisation de l’objectif : guérison de nombreuses affections, résultats dans le cadre d’une utilisation maléfique ou d’une protection.
Le pouvoir du verbe et des plantes en pays yoruba
Perlages Yoruba
Les perles de verre opaques ou translucides produites en Bohême et à Venise ont constitué une monnaie d’échange pendant des siècles entre Européens et Africains.
Les Yoruba (Bénin / Nigéria) ont développé l’art du perlage, combiné avec les cauris, avec une créativité et une maîtrise exceptionnelles : marques d’un statut d’exception, couronnes, sceptres, sacs et emblèmes perlés dont les couleurs sont symboliquement associées aux divinités de leur panthéon, expriment visuellement richesse et pouvoir.
Sacs de devin
- Seconde moitié du 20e siècle
- textiles, perles de verre
Ce sac contenait les noix de palme nécessaires à la divination. La scène représente un devin- herboriste à cheval tenant un bâton de fer forgé indiquant son rang, un plateau divinatoire et le tracé des signes d’Ifa sont représentés en partie basse.
- Don Marie Ducoudray – 70.2012.15.1
Sacs de devin
- 19e siècle - début du 20e siècle
- cuir, textile, perles de verre
- 70.2019.57.8
Ce sac pouvait contenir le matériel divinatoire notamment le plateau d’Ifa et les seize noix de palme. L’inscription « Ogboni Erinmo » indique qu’il appartenait probablement à un prêtre d’Ifa (babalawo) également membre de la société Ogboni qui regroupe les membres âgés de la communauté et traite des relations avec la terre.
- Anciennes collections Alain Dufour puis Xavier Richer.
- Don du photographe et collectionneur Xavier Richer
Sacs de devin
- 20e siècle
- cuir, perles de verre
- Don du collectionneur suisse Udo Horstmann en 2001
- 70.2001.29.1
SACS DE DEVIN
- Entre le milieu du 19e et le début du 20e siècle
- coton et perles de verre importés
- 70.2015.58.1
- Ancienne collection de l’artiste céramiste britannique Ian Auld.
Sac de devin babalawo
- Entre le 19e et le début du 20e siècle
- fibres végétales, perles de verre, cuir
- 70.2019.57.10
Ce type de collier est réservé aux plus grands devins babalawo qui ont un statut comparable à celui des Oba (rois). Les deux poches du collier symbolisent les points de vulnérabilités du devin, l’une des poches nommée ude isale, tombe sur sa poitrine ; tandis que l’autre poche, nommée ude oke, tombe à la base de son cou.
- Don du photographe et collectionneur Xavier Richer
Collier-sac odigbà
- Entre le 19e et le début du 20e siècle
- fer, laiton, cuir, textile, perles de verre
- 70.2019.57.6.1-3
L’opa Orisha oko est l’emblème cultuel d’Orisha oko, divinité dédiée à l’agriculture. Cet emblème se compose d’une grande lame « épée » en fer, d’un fourreau et d’un bonnet perlés. Le fourreau de cette œuvre est perlé sur les deux faces.
Anciennes collections des marchands d’art africain Pierre Loos, pour la lame de fer, et Marceau Rivière, pour les éléments perlés.
- Ensemble regroupé par Xavier Richer.
- Don Xavier Richer
Emblème du culte d’Orisha oko
- 20e siècle
- textile, cuir, perles de verre
- Don des collectionneurs d’art africain Ewa et Yves Develon – 73.1996.7.1.1
Fourreau de sabre cultuel Orisha oko
- 20e siècle
- fer, laiton
- 73.1997.4.166
- Anciennes collections du marchand d’art africain Charles Ratton, puis du musée Barbier Mueller.
- Acheté par le musée national des arts d’Afrique et d’Océanie à Monique et Jean-Paul Barbier-Mueller
Sabre cultuel opa Orisha oko
- Entre le 19e et le début du 20e siècle
- textiles, perles de verre, cuir
- 70.2019.57.7
- Anciennes collections du marchand d’art africain Alain Dufour puis de Xavier Richer.
- Don Xavier Richer
Fourreau d’Orisha oko
Poteau de palais royal
- Population yoruba
- Bénin, Savé
- Fin du 19e - début du 20e siècle
- bois de ayeci, pigments
- 71.1931.74.2417
Ce poteau fut sculpté par un artiste de la ville de Kétou pour le palais du roi de Savé.
La thème du cavalier est une allusion à Oranmiyan, fils cadet d'Oduduwa, qui partit de la ville sacrée d'Ifé, comme ses seize frères et sœurs, pour fonder plusieurs grands royaumes yoruba.
Poteau de palais royal
- Population yoruba
- Bénin, Savé
- Fin du 19e - début du 20e siècle
- bois de ayeci et pigments
- 71.1931.74.2418
Au centre de la sculpture, une figure féminine tient une coupe dans une main et une noix de kola dans l'autre. Elle exprime l'hospitalité et les valeurs de convivialité yoruba à l'égard du visiteur ou de l'invité à qui l'on offre à boire et des noix de kola en signe de bienvenue.
Poteau de palais royal
- Population yoruba
- Bénin, Kétou
- Fin du 19e - début du 20e siècle
- bois de ire, pigments
- Mission Dakar-Djibouti
- 71.1931.74.2376
Poteaux de Palais royal
L'espace en images
Le haut du masque ijele de Mike Chukwukelu, en arrivant sur le plateau des Collections (novembre 2021)
© musée du quai Branly - Jacques Chirac, photo Julien BrachhammerEn savoir plus
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