Restauration d’une maquette japonaise du 19e

Contenu

Retour sur le travail de restauration d’une maquette réalisé dans le cadre d’un prêt pour l’exposition "Japon, des rizières aux sushis" du 3 février au 2 juillet 2023 au Compa à Chartres.



Restauration de la maquette

Caractéristiques

Sans doute conçue dans un objectif documentaire et didactique, cette petite maquette (35,8 x 100,4 x 30,2 cm) datant du 19e siècle, présente divers outils et machines agricoles de la riziculture au Japon. Tous ces éléments, en bois, métal et fibres végétales sont disposés sur une base en bois peint et fixés mécaniquement par des ligatures et des pointes en fer, ou collés..

Un prêt conditionné

Comme pour chaque objet demandé en prêt au musée, la maquette a d’abord été examinée par les restauratrices afin d’évaluer son état de conservation et d’émettre un avis sur la possibilité de l’exposer. Lors de cette consultation, le constat des problèmes structurels et de l’encrassement a conditionné le prêt à une restauration préalable. Ce travail a été réalisé par Anaïs Leclercq, restauratrice au musée.

état avant traitement

Près de 70 éléments dissociés ou fragments d’éléments de la maquette étaient conservés dans des sachets.

Sa structure présentait les problèmes les plus dramatiques, au niveau des éléments eux-mêmes ou de leur assemblage. Entre autres, les fentes du bois, les liens rompus ou la faiblesse des ligatures ont entraîné la perte de stabilité de l’établi, le déplacement et la séparation de nombreux éléments, ainsi que la dislocation et le bris de certains d’entre eux. La surface, en plus d’un encrassement général, était marquée de rayures et de petits enfoncements avec des pertes de peinture, des taches de corrosion et des traces diverses. (cf. diaporama ci-après)

La sécheresse des matériaux végétaux utilisés est en partie responsable de la fragilité de l’objet.

Le traitement de restauration

Le traitement proposé a été discuté avec Daria Cevoli, responsable scientifique des collections Asie, pour définir les limites de l’intervention, notamment en ce qui concernait le positionnement des éléments qui a nécessité un travail de recherche. En revanche pour refixer la majorité des éléments à leur place, c’est un système déjà présent sur la maquette qui a été privilégié : une fine cordelette de coton, teintée en vert, a servi de lien pour attacher les outils à leur support. En plus du retrait de la poussière très incrustée, le nettoyage de certaines tâches et les retouches colorées sur les zones d’abrasion des parties peintes ont été opérés de manière minimaliste.

Plusieurs sources d’information ont été précieuses pour replacer les machines et les outils :

La recherche documentaire

Parmi la documentation associée à la maquette, la photographie la plus ancienne que nous possédions montre un état déjà très altéré, mais huit des soixante-dix éléments dissociés y figurent encore en place. Il a donc été facile de les réintégrer, après plusieurs interventions de consolidation et de collage.

Certains articles scientifiques décrivent les pratiques rizicoles au Japon, mais les sources les plus utiles à notre recherche étaient les photographies. Plusieurs cartes postales montrant des scènes de vie paysanne au début du XXe siècle au Japon ont apporté beaucoup d’informations sur la typologie des machines et leur utilisation. Nous avons pu comprendre et reconstituer quatre outils et machines grâce à ces photographies.

Les traces matérielles sur la maquette

Tous les indices sont précieux, même la poussière ! En effet, une partie de la poussière déposée avant la dissociation a marqué la silhouette de certains éléments sur la base. Les vestiges des ligatures ou de pointes métalliques ainsi que les traces de colle ont également aidé à identifier les emplacements. Pour le regroupement de fragments des pièces brisées ou disloquées, nous nous sommes fondés sur les plans de casses et sur les éléments d'assemblage.

La base de données informatisée du musée

Deux petits paniers en vannerie enregistrés dans nos collections asiatiques sous leur propre numéro d’inventaire ont été associés à la maquette. Originellement, ils en faisaient très probablement partie. La collecte de ces informations a permis de relocaliser avec certitude 70% des éléments dissociés de la maquette. Pour les autres, un emplacement probable a été identifié avec la responsable de collection et ils ont été fixés de façon totalement réversible. Ainsi, leur positionnement pourra être modifié s’il s’avère contredit par de nouvelles informations. En fin de traitement, seuls 10 % des éléments n’ont pas été replacés. Ils sont conservés en sachet.

 

Replacer les éléments - enquête documentaire et recherche d’indices

La restauration en images

La maquette pédagogique (vue ici avant restauration), a fait l'objet d’un examen par les restauratrices pour déterminer la possibilité de son prêt

© musée du quai Branly - Jacques Chirac, photo Julien Brachhammer