Séance présentée par Baba Diop, journaliste, critique de cinéma et universitaire.
Cette soirée d’ouverture ambitionne de reconstituer l’expérience d’une séance de cinéma à Dakar dans les années 60 en la faisant précéder d’un film d’actualités : Le Sénégal et le festival Mondial des Arts Nègres de Paulin Soumanou Vieyra. Numérisé en 2020 grâce à l’atelier Mami Wata et la Direction du Cinéma du Sénégal, le film nous fait découvrir Dakar en 1966, effervescente et en pleine mutation, prête à accueillir le Festival Mondial des Arts Nègres.
Ousmane Sembène nous conduit à poursuivre notre déambulation dans un Dakar dévorant ses habitants, victimes de la ségrégation socio-spatiale dans Borom sarret puis dans un Dakar porteur d’espoirs aussitôt brisés par la persistance des rapports coloniaux dans La Noire de...
Le sénégal et le festival mondial des arts nègres, un film de Paulin Soumanou Vieyra
Sénégal, 1966, les actualités sénégalaises du ministère de l'information 28 min - documentaire, VOFR, NetB
Paulin Soumanou Vieyra, qui a commencé à tenir la caméra en 1954 et a déjà tourné 10 films documentaires et fictionnels, réalise ce film d’actualité dédié au Festival mondial des arts nègres de Dakar en 1966. Il dresse un portrait de la ville de Dakar et de son développement sur un ton de propagande où « mondes modernes » et « monde noir » se côtoient. La ville se prépare à accueillir ce qui est présenté comme le plus grand rassemblement mondial des arts et cultures noirs, proposant débats, festivités et manifestations culturelles. Le film réserve une large part à la présentation des expressions artistiques de toutes les nations africaines convoquées au Festival Mondial des Arts Nègres : les arts plastiques traditionnels et contemporains, le musée dynamique de Dakar, la photographie, l’artisanat, le sport, la danse, la musique, les arts dramatiques, le cinéma, la littérature. Le Sénégal et le festival Mondial des Arts Nègres est une célébration de cet événement marquant de l’histoire culturelle africaine et de la place du Sénégal dans le monde.
Ce film d’actualités, autrefois projeté avant le film à l’affiche dans les salles de cinéma, se trouve aujourd’hui dans le fonds d’archives audiovisuelles de la Direction du Cinéma Sénégalaise, parmi la collection de bobines de films d’actualités des années 1960 à 1980. Sa numérisation a été pilotée par Marco Lena et Tiziana Manfredi (voir panel sur les archives cinématographiques) en collaboration avec la Cinémathèque de Toulouse et achevée en janvier 2020.
- Numérisation de la copie : Cinémathèque de Toulouse
- Institution de conservation de la copie : Direction du Cinéma Sénégalaise
- Contact distribution : Fadel Thiam
Borom sarret, un film de Sembène Ousmane
sénégal, 1963, 20 min – fiction (drame), VOFR, N&B
La note d’intention du réalisateur évoque ainsi le film qu’il prépare : « l’histoire d’un charretier qui transforme son charriot en un taxi. Il se confronte avec un riche client dans un quartier où ce type de véhicule est interdit ; un policier l’arrête, lui fait une amende et saisit son charriot. Le pauvre homme en perd sa joie de vivre et demeure tristement incapable de réagir. Sa femme lui confie la garde de leur enfant et s’en va en disant « nous mangerons ce soir… ».
Le titre signifie « Le Charretier » en langue wolove. Pour la première fois, un homme du peuple apparaît sur l'écran, vu par un regard africain. Le film devient un véritable événement fondateur pour le cinéma africain et son auteur, Sembène Ousmane, entre avec son œuvre dans l’histoire du cinéma international.
Borom Sarret a été tourné en 16mm puis numérisé et restauré par les Laboratoires Éclair associés à L’immagine Ritrovata Laboratory (Cineteca di Bologna) sous l’égide de la World Cinéma Fondation de Martin Scorsese et de l’INA. Ce travail de restauration a reçu l’aval et le soutien de la famille Sembène et notamment ceux d’Alain, le fils d’Ousmane.
- Images : Christian Lacoste
- Montage : André Gaudier
- Institution de conservation et plan de numérisation de la copie : Ina (Institut National de l’Audiovisuel) et World Cinema Fondation
- Contact diffusion culturelle (institutions culturelles, festivals…)
- Contact diffusion commerciale (cinéma)
La noire de..., un film de Sembène Ousmane
Sénégal, 1966, 65 min – fiction (drame), n&b, VOFR
À Dakar, Diouna Gomis, interprétée par Mbissine Thérèse Diop, travaille comme nourrice chez un couple de Français coopérants, Monsieur et Madame. Lorsque la famille l’invite à la suivre pour s’installer en France, à Antibes, la jeune femme accepte, bercée de rêves. Mais elle comprend que son nouveau rôle est celui de la bonne à tout faire, cloîtrée à la maison. Retenue prisonnière par la famille qui l’a fait venir, Diouna est méprisée, maltraitée. Accablée par l’indifférence et l’humiliation, elle s’enferme dans le mutisme et la dépression. Ses pensées sont livrées au spectateur par la voix off interprétée par l’actrice haïtienne Toto Bissainthe. Le sort de Diouna est celui d’une esclave moderne, étouffée par le racisme, condamnée à l’invisibilité, elle perd jusqu’à son identité et devient la Noire de…
Ousmane Sembène réalise avec La Noire… son premier long métrage et aussi l'un des premiers longs métrages postindépendance du continent. L’idée du scénario est basée sur un article de journal sur le suicide d'une femme de ménage africaine sur la Côte d’Azur dans les années 1960. Le réalisateur en a tiré une parabole sur le néocolonialisme et cette nouvelle forme d’esclavage en utilisant l’allégorie du masque Ban-mâna, fil conducteur qui nous guide à travers tout le film.
La copie de La Noire de… est issue, comme Borom Sarret, d’un travail de numérisation et de restauration conduit par la World Cinéma Fondation en collaboration avec le Sembène Estate, l'Institut National de l’Audiovisuel - INA, les laboratoires Éclair et le Centre National du Cinéma et de l'image animée (CNC). Le laboratoire L’Immagine Ritrovata de la Cineteca di Bologna a réalisé ce travail en 2015.
- Avec Mbissine Thérèse Diop, Momar nar Sene, Toto BISSAINTHE
- Images : Christian Lacoste
- Montage : André Gaudier
- Récompenses : Prix Jean-Vigo 1966, Tanit d’Or de Carthage 1966, Grand Prix du Festival mondial des arts nègres
- Numérisation de la copie : Ina (Institut National de l’Audiovisuel) et World Cinema Fondation
- Institution de conservation de la copie : Ina (Institut National de l’Audiovisuel)
- Contact diffusion culturelle(institutions culturelles, festivals…)
- Contact diffusion commerciale (cinéma)
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Les films du cycle cinéma sont accessibles gratuitement sur FestivalScope du mercredi 22 au dimanche 26 septembre 2021.
- Lieu : Salle de cinéma
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Dates :
Le jeudi 23 septembre 2021 de 19:30 à 22:00 -
Accessibilité :
- Handicap auditif bim (T)
- Handicap moteur
- Public : Tous publics
- Categorie : Cinéma (dans le cadre d'un cycle)
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Gratuit (dans la limite des places disponibles)
- Dans le cadre de : Regards sur la sélection de Dakar 1966