Le musée du quai Branly-Jacques Chirac conserve une collection d’instruments de musique dans une réserve extra-ordinaire : un silo de verre qui traverse le bâtiment, comme une colonne vertébrale.

« Ces instruments, agencés selon leurs classifications régionales puis organologiques sont discrets, silencieux. Ils passent presque inaperçus, préservés dans un lieu où l’hygrométrie, la température et l’éclairage sont contrôlés, optimisés. Ces instruments qui invitent timidement les visiteur.ice.x.s à les observer de loin. Une matière qui ne se laisse pas contempler. Une matière qui ne dit rien. En tant que musicienne, ça a suscité en moi, et dans cet ordre, tout d’abord un grand enthousiasme, suivi d’un manque de souffle, mais toujours bien enthousiasmé, avant que la frustration ne s’installe. C’est une grande frustration claustrophobe, à l’idée de ne pas pouvoir regarder ses instruments de près, les toucher, pour les imaginer sonner, parler, communiquer ; pour imaginer les musicien.ne.s qui les font sonner, parler, communiquer ; pour imaginer celleux qui les entendent sonner. Que peut exprimer un instrument placé dans une sombre tour en verre, face aux déambulations ritualistes des visiteur.ice.x.s ? » [Extrait du projet de Youmna Saba]

La réserve des non-dits est un projet de Youmna Saba en cours de réalisation dans le cadre de la première résidence sonore proposée par le musée du quai Branly - Jacques Chirac. Il consiste à placer des micros qui capteront les micro-son émis par les instruments de musique dans le silo, dans leur contexte « passif » de conservation afin de « révéler l’inaudible » et enregistrer ainsi des sons par résonnance. « Par résonnance je veux dire les sons que dégagent ces instruments par sympathie, en réaction aux stimuli externes (mouvements, sons, vibrations) ».

Cette archive de traces sonores constituera le contenu sonore d’une installation et rejoindra la collection sonore de la médiathèque. La rencontre organisée au salon de lecture J.K. le dimanche 6 novembre 2022 se situe au début de la résidence de Youmna Saba et vise à échanger autour du projet tel qu’elle l’a imaginé et tel que les premiers travaux permettent de l’envisager. Une rencontre de fin de résidence complétera ce travail au printemps 2023.

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