Le cycle des Grandes Révoltes est heureusement interminable, tant la révolte est permanente. Cette année, détour en Amérique avec les Black Panthers et Wounded Knee et retour sur les grandes révoltes qui ont marqué l’histoire de France et d’Europe.
La fronde
On situe la Fronde de 1648 à 1653. Le détail des événements est compliqué par l’hétérogénéité des acteurs et les renversements d’alliance. Une donnée demeure essentielle : la question de la monarchie absolue est posée.
Un certain nombre de facteurs entrent également en jeu ; d’abord l’exemple anglais : Charles Ier est décapité en 1649. Ensuite, le rôle de la guerre extérieure : la France est en guerre contre l’Espagne et la force du pouvoir royal dépend de ses victoires. La double nature sociale des frondeurs est également primordiale : d’un côté, les Parlements se veulent corps intermédiaires entre le Roi et le peuple, de l’autre, les grands nobles veulent dominer le peuple avec le Roi. Unis contre l’absolutisme, les deux groupes poursuivent des buts opposés. La position du peuple des villes et notamment de Paris est déterminante. La bourgeoisie se reconnaîtra dans les Parlements, mais pas dans les Grands ; le petit peuple (les Halles) ne suivra pas seulement le Parlement, mais aussi les Grands. Enfin, il faut noter que la Fronde naît dans les villes. Les luttes paysannes suivent leur propre cours, qui peut parfois croiser celui de la Fronde, mais en est indépendant.
Faisant allusion à un jeu d’enfants, le nom de Fronde masque un traumatisme. En 1653, le consensus est à peu près général : il ne faut pas que cela recommence. De là, l’installation, pour plus de 130 ans, de la monarchie absolue. Pour que l’ordre règne dans les villes, les Parlements doivent être mis au pas et les nobles doivent être domestiqués, à Versailles. Cela étant acquis, tout est permis au pouvoir royal contre les troubles des campagnes.
Mais l’absolutisme coûte cher ; il suppose une charge fiscale constamment croissante. Corps intermédiaires, opposition des villes et des campagnes, coût élevé du modèle, on retrouvera ces acteurs et ce décor en 1789 et peut-être encore de nos jours.
Jean-Claude Milner
Né en 1941, Jean-Claude Milner est linguiste, philosophe et essayiste. Ses intérêts s’étendent de la linguistique à la philosophie politique et à l’analyse sociale. Après des études en classes préparatoires littéraires au lycée Henri-IV, il entre à l’École normale supérieure de l’Ulm en 1960, où il suit l’enseignement de Louis Althusser et le séminaire de Jacques Lacan. Il a également effectué une partie de ses études aux États-Unis, se formant à la linguistique chomskienne au Massachusetts Institute of Technology. Il a été professeur de linguistique à l’Université Paris-7 Diderot et directeur du Collège international de philosophie de 1998 à 2001. Jean-Claude Milner a par ailleurs fondé et dirigé la collection « Philia », aux Éditions Verdier, de 1999 à 2004.
Son œuvre explore les zones d’ombre de la pensée politique occidentale, avec des ouvrages comme Les Penchants meurtriers de l’Europe démocratique (Verdier, 2003) ou Pour une politique des êtres parlants (Verdier, 2011). En mai 2014, il publie Harry Potter. À l’école des sciences morales et politiques (PUF), où il analyse la série Harry Potter du point de vue des conceptions morales et politiques qui y sont implicites, où le monde de la magie permet de comprendre la société capitaliste actuelle.
- Durée : 01:30
- Lieu : Théâtre Claude Lévi-Strauss
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Dates :
Le mercredi 20 février 2019 de 18:30 à 20:00 - Public : Tous publics
- Categorie : Les Grandes Révoltes
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Gratuit (dans la limite des places disponibles)