Salmon Gildas (2010-2011)

Contenu

Nom : Salmon
Prénom : Gildas
Statut : post-doctorant au musée du quai Branly - Jacques Chirac
Courriel : gildas.salmon(at)gmail.com

Experiences d'enseignement

2009 - 2011 : Chargé de TD à l’Ecole Nationale des Ponts et Chaussées
2009 - 2010 : ATER à l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne
2008 - 2009 : ATER à l’Université de Franche-Comté (à mi-temps)
2005 - 2008 : Allocataire-moniteur à l’université Paris I - Panthéon-Sorbonne

Projet(s) de recherche

Qu’est-ce que comparer deux cultures, deux institutions ou deux mythes ? Quels sont les critères auxquels la comparaison doit répondre, et quels résultats peut-on en attendre ? Mon projet consiste à proposer une analyse épistémologique de cette opération fondamentale pour l’anthropologie.

 
Dans ma thèse, j’ai montré que l’anthropologie structurale de Claude Lévi-Strauss représente un tournant dans l’histoire du comparatisme. En général, on pense que comparer deux sociétés, c’est faire l’inventaire des ressemblances qui les unissent. Mais si elle a une forme d’évidence, cette manière de comparer engendre une tension très forte entre l’ethnographie, qui décrit avec le plus de précision possible des faits sociaux singuliers, et l’anthropologie, qui cherche à élaborer sur la base de ces matériaux des synthèses comparatives. Pour sortir de cette impasse, Lévi-Strauss met au point une méthode comparative fondée sur la différence : prenant appui sur la linguistique structurale, il pose que l’identité d’une culture est diacritique, c'est-à-dire qu’elle ne peut être définie qu’en fonction des écarts qui la séparent de ses voisines. Le programme de recherche qu’il élabore autour de la notion de transformation consiste à partir de la manière dont les cultures se distinguent les unes des autres, et déforment les mythes qu’elles empruntent à d’autres groupes, pour saisir la logique propre à la pensée sauvage.


Je poursuis cette année ce travail d’histoire de l’anthropologie en interrogeant le rôle que l’ethnologie américaine de Franz Boas et de ses étudiants a joué dans la genèse du concept de transformation. Boas est en effet le responsable direct de la crise du savoir anthropologique à laquelle Lévi-Strauss s’est efforcé de répondre, et l’émergence d’un comparatisme fondé sur la différence n’est compréhensible qu’à partir de la critique qu’il fait subir aux grandes synthèses évolutionnistes de la seconde moitié du XIXe siècle. Toutefois, l’attention qu’il porte à la singularité des cultures ne le conduit pas à les isoler les unes des autres : au contraire, il met en évidence l’importance des réseaux de diffusion qui, dans le domaine des mythes comme dans celui des institutions et des coutumes, ont façonné l’identité des peuples amérindiens. C’est cette tension entre ouverture et fermeture des systèmes culturels que je souhaite étudier, car elle conduit à écarter une version naïve du diffusionnisme qui consiste à croire qu’un fait de langue ou de culture est un élément autonome susceptible de se propager à l’identique aussi loin que des contacts existent entre les sociétés. En explorant le lien qui unit l’ethnologie boasienne à la tradition anthropologique allemande issue de Humboldt et de Herder, j’espère réussir à éclairer la formation des concepts d’aire culturelle et de frontière, qu’il s’agisse de frontières linguistiques, culturelles, ou écologiques. De fait, je crois que c’est en étudiant les propriétés de ces obstacles à la diffusion qu’il est possible d’expliquer les transformations subies par les mythes et les coutumes lors de leur transmission.

 

Publications

Articles publiés dans des revues à comité de lecture :

- « Psychologie historique et analyse structurale chez Jean-Pierre Vernant », Cahiers philosophiques, CNDP, décembre 2007, pp.42-65
 
- « Comment les sociétés froides se transforment-elles ? Reproduction et altération des systèmes symboliques chez Lévi-Strauss », Klésis - Revue philosophique, n°6/2 « Philosophie et sociologie », janvier 2008, pp.46-63

- « Les incongruités de la pensée symbolique », Philosophie, Editions de Minuit, numéro spécial sur Claude Lévi-Strauss, dirigé par Marcel Hénaff, juin 2008, pp.71-90

- « Logique affective ou logique concrète ? La construction d’une anthropo-logique des émotions chez Lévy-Bruhl et Lévi-Strauss », Organon, octobre 2008, pp.211-228

- « Traductions interdiscursives et transformations stratégiques dans l’archéologie de la psychanalyse », Incidence, n°4-5 : Foucault et la psychanalyse, mars 2009, pp.323-354

- « Les conditions d’une science de l’intertextualité : réflexion sur les apories du comparatisme saussurien », Rivista Italiana del Filosofia del Linguaggio, n°3, 2010


Participation à des ouvrages collectifs :

- Article « Logique », in Abécédaire de Lévi-Strauss, dir. Jean-Philippe Cazier, Paris, Editions Sils Maria, janvier 2008, pp.79-81

- « Anthropologie structurale et anthropologie cognitive, rationalité sémiologique et logique des usages chez Lévi-Strauss » in Le Ragioni del senso, ouvrage collectif sous la direction de Jocelyn Benoist et Gaetano Chiurazzi, Milano-Udine, Mimesis Edizioni, 2010

- « Du système à la structure : une lecture des "Systèmes de transformations" (La Pensée sauvage, chapitre 3) », in : Le Moment philosophique des années 1960, ouvrage collectif sous la direction de Patrice Maniglier, Paris, PUF, à paraître au printemps 2011


Comptes-rendus d’ouvrages :

- « Frédéric Keck, Lucien Lévy-Bruhl, entre philosophie et anthropologie, Editions CNRS, 2008 », in La Vie des idées.fr, août 2008, pp.1-4

- « Emmanuel Désveaux, Spectres de l’anthropologie, Paris, Editions Aux lieux d’être, 2007 », in Gradhiva, octobre 2008, pp.141-142

- Compte-rendu de « L’anthropologie allemande entre philosophie et sciences, des Lumières aux années 1930 », Revue germanique internationale, 10, novembre 2009, pour La Vie des idées.f