Grandes conférences, enquêtes de terrain, commentaires d’œuvres, cinéma, ... cet événement est organisé dans le cadre du week-end « L’ethnologie va vous surprendre ! »
Les visiteurs du soir. Incubes numériques et jeux d’invocation au Japon
Par Agnès Giard, anthropologue, journaliste, Chercheuse rattachée au Sophiapol (EA 3932) - Université Paris Nanterre, Chercheuse postdoctorale à Freie Universität Berlin - projet européen EMTECH.
Au Japon les jeux de simulation amoureuse appelés otome games (jeux pour jeunes filles) proposent au choix des personnages qu’il s’agit de séduire. Afin de renforcer le lien, ces jeux fournissent la possibilité non seulement de parler avec le personnage par écran interposé, mais d’entendre sa voix. La plupart des otome games sont par ailleurs vendus avec des Drama CD, des bandes-sons parlées dont les titres suggestifs – « Cendrillon de Minuit », « Réversible » « De l’autre côté » – jouent sur l’idée de l’incube : la voix figure un visiteur nocturne. Très proches des CD de relaxation guidée, ces bandes-sons invitent l’auditrice au dialogue en laissant des zones de blanc dans la conversation, lui permettant d’interagir avec son bien-aimé. Dans cet univers onirique, l’importance que revêt la voix est telle que les joueuses ont fait des doubleurs (seiyû) de véritables stars. On les appelle « personnes à l’intérieur » (naka no hito) suivant une logique dont j’aimerais questionner les postulats, en m’appuyant sur la théorie du travail d’effacement élaboré par l’anthropologue Nozawa Shunsuke : la voix participe-t-elle – ainsi qu’il le soutient – d’un auto-anéantissement ? Quelles invisibles présences les femmes aiment-elles dans le noir ? À quoi rime ce jeu de dépossession par les voix ?
- Durée : 00:30
- Lieu : Salle de cinéma
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Dates :
Le samedi 09 avril 2022 de 15:00 à 15:30 -
Accessibilité :
- Handicap moteur
- Public : Tous publics
- Categorie : Conférences
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Gratuit (dans la limite des places disponibles)
- Dans le cadre de : Têtes chercheuses