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Gradhiva n°38
Presse
Paroles spoliées. Trajectoires de la littérature orale
À l’issue des conquêtes coloniales, les puissances colonisatrices ne se sont pas seulement approprié des territoires et des biens culturels : elles ont aussi collecté des paroles. Missionnaires, administrateurs, ethnologues et linguistes ont transformé en textes des énoncés oraux de natures et de fonctions variées dans leur contexte d’origine, bientôt rassemblés sous la catégorie de « littérature orale ». En situation d’asymétrie coloniale, ce triple transfert (de l’oral à l’écrit, d’une langue à une autre, d’un contexte culturel à un autre) a donné lieu à d’inévitables altérations. Les sources des textes ont parfois été effacées et leur sens déformé ou perdu. Quelques anthologies de contes africains, océaniens, ou autres, se vendent encore aujourd’hui sans que la provenance des textes ne soit interrogée.