Une sélection d'objets, repérables avec le logo ci-contre, a été étudiée sous l’angle de leur histoire, depuis le lieu de leur création jusqu’à leur arrivée au musée. Les informations disponibles à ce jour sont présentées ici. Cette page rend compte des cartels installés sur le plateau de collections.
Les objets présentés dans ces vitrines ont été recueillis au sein de la communauté du district d’Ammassalik (Groenland) par une mission scientifique conduite par les ethnologues Paul-Émile Victor et Robert Gessain en 1934-1935. Les quelque 4 000 artefacts ramenés après des mois d’entretiens et d’amitiés sont caractéristiques des grandes collectes ethnographiques menées par la France de l’entre-deux-guerres illustrant la vie quotidienne d’une population.
En 1871, le linguiste Alphonse Pinart (1852-1911) quitte la France pour étudier les langues autochtones de la côte de l’Alaska. Durant l’hiver 1872, il visite les communautés de l’île de Kodiak, recueillant des chants, des récits et des danses ainsi que des objets, en particulier des masques. Ces collections, conservées à Boulogne-sur-Mer et à Paris, sont aujourd’hui au coeur du travail de redécouverte et de récupération des pratiques ancestrales mené par les Sugpiat de l’Alaska.
Réfugié durant l’occupation à New York, l’anthropologue Claude Lévi-Strauss (1908-2009) y découvre avec fascination l’art de la Côte nord-ouest, en compagnie d’un petit groupe d’amateurs, principalement des artistes surréalistes réunis autour d’André Breton. C’est dans ce cadre qu’il acquiert auprès du marchand Julius Carlebach cette parure frontale issue de la collection de George G. Heye, constituée au début du 20e siècle.
La production artistique de la Côte nord-ouest est largement dédiée aux activités communautaires et à la vie cérémonielle. Ce sont lors des potlatchs que les grandes familles font étalage de leurs richesses et de leurs droits ancestraux d’exploiter les ressources de vastes territoires. La proclamation d’un tel héritage s’affirme par des discours et la répartition de cadeaux variés à leurs membres et à ceux de communautés voisines.
La datation du bois de cette massue suggère qu’elle fut collectée au 16e siècle, date des premiers contacts entre les Tupinamba et les Français : soit lors de la tentative échouée de fonder une colonie française dans la baie de Rio, "la France antarctique" (1555-1560), ou bien lors de la venue d’un groupe de Tupinamba en France entre 1550 et 1613. La plus ancienne mention de cet objet, dans les inventaires du Muséum d’histoire naturelle, date de 1797.
Cette massue, nommée iwera pemme par les Tupinamba, servait à la mise à mort des captifs avant qu’ils ne soient mangés selon des rituels sacrificiels. Sa poignée est garnie d’un manchon de coton d’où pendent de grosses franges jadis couvertes de plumes.
Ces spatules furent découvertes en 1899 dans une grotte de la région de Puerto Plata, au nord de l’actuelle République dominicaine, associées à d’autres pièces en bois, une sculpture représentant un zemi, ou esprit, et un siège cérémoniel ou duho. Initialement partie de la collection de Ramón Imbert, pharmacien à Puerto Plata, ces pièces furent vendues aux États-Unis à divers collectionneurs et celles du musée furent acquises entre 2008 et 2015.
Les spatules étaient utilisées lors du rituel de la cohoba. En os ou en bois, ces pièces servaient au chamane à se faire vomir afin de purifier son corps. Il inhalait ensuite une poudre hallucinogène pour entrer en contact avec les esprits. Ces quatre spatules proviennent d’une grotte dans le nord d’Hispaniola et ont été découvertes associées à un siège cérémoniel duho et une sculpture d’un chamane sur la tête duquel était déposée la cohoba.
Auguste Génin (1862-1931) est un des premiers collectionneurs d’art mexicain en France. Américaniste reconnu, il mène de nombreuses fouilles archéologiques au Mexique à compter de 1883 et constitue une collection importante, dont près de 7000 pièces données entre 1897 et 1932 au musée d’ethnographie du Trocadéro, ancêtre du musée du quai Branly-Jacques Chirac. Le reste de sa collection est répartie dans différents musées européens et mexicains.
En 1903, dans le cadre d’une mission pluridisciplinaire menée en Amérique du Sud par Georges de Créqui-Montfort et Eugène Sénéchal de la Grange, une équipe française mena des travaux intensifs de fouille et de prospection à Tiwanaku. Le corpus matériel rassemblé, estimé à 2000 artefacts, fut réparti entre la Bolivie et la France.
À son apogée, Tiwanaku est la plus grande ville d’Amérique du Sud, avec près de 30 000 habitants. Son centre cérémoniel suit une planification rigoureuse, incorporant des plateformes surélevées, des portails et des passages variés, des monolithes,
ainsi que des temples et des cours surbaissées qui sont le cadre des célébrations rituelles. L’orientation cardinale est-ouest des édifices, leurs volumes et les matériaux employés sont en relation avec la géographie sacrée du haut-plateau bolivien.
Monumentalité et rigueur participent de la sacralité de Tiwanaku, principal centre de pèlerinage des Andes pendant près de six siècles.
