"Dorori"
Niger : Peuls Wodaabe. Chants du Worso (Maison des Cultures du Monde)
Pour ce peuple dont chaque geste affirme de manière à la fois consciente et inconsciente la spécificité physique, le worso est un véritable culte rendu à la beauté physique.
Dès la tombée du jour, les jeunes hommes s'isolent derrière de maigres buissons et concoctent des philtres dont chacun a le secret et qui sont destinés à renforcer leur pouvoir de séduction. Puis ils se couvrent le visage de poudres colorées : rouge pour la danse gereol, ocre pour les autres, les yeux et les lèvres sont cernés de khôl et l’arête du nez rehaussée d'un fin trait jaune. Ensuite, ils entourent leur taille de pagnes de peau tannée et de tissu et revêtent une tunique sans manche de coton noir décorée de petites broderies géométriques aux couleurs vives, sauf pour la gereol qui se danse torse nu.
En guise de bijoux, ils portent en bandoulière plusieurs colliers de cauries, et autour du cou les petits réticules de cuir qui ne les quittent jamais. Les parures de tête se composent d’un turban de coton blanc, d’une tiare formée de plusieurs cabochons d’argent ou de cuir et enfin de deux ou trois longues plumes d’autruche. Et ainsi, de la tombée du jour jusqu’à l’aube, plusieurs jours de suite, ils dansent le ruumi, le yake, le mosi, le lele-lele… Le dernier jour a lieu la gereol qui se terminera avec l'élection par quelques jeunes filles du plus bel homme de l’année.
Le dorori a un caractère guerrier qui annonce la gereol. Cette danse en ligne, assez brève comparativement aux précédentes, est essentiellement rythmique. Plus encore que les autres, elle affiche un caractère de parade, soulignant l’originalité de chaque individu en même temps que l’identité du groupe.