Produit par des professionnels comme par des amateurs, des voyageurs ou des anthropologues, le cinéma d’expédition peut être compris comme une zone de contact à plus d’un titre : cinématographique, au croisement de plusieurs genres (travelogue, documentaire romancé ou non, film animalier, d’exploration, etc.) ; géographique et culturel, mettant en relation l’Occident ou un autre « centre » face à de multiples altérités construites historiquement ; disciplinaire, au carrefour de la géographie, de l’anthropologie, des sciences naturelles, des arts du spectacle, etc. ; matériel et médiatique enfin, où les expéditions sont déclinées en plusieurs médias et types d’objet matériel (films, photographies, livres, jouets, mode vestimentaire, etc.).  

À travers des études de cas allant des « vues de plein air » des premiers temps aux conférences de voyages illustrées de projections des années 1980, cet ouvrage examine la façon dont les films composent une cartographie visuelle des « ailleurs », tout en mettant à mal les notions d’authenticité et de fiction. De l’Amazonie au Grand Nord, en passant par les Balkans et jusqu’aux mers du Sud, se déploie alors un véritable continent de films pour la plupart oubliés, qui ont pourtant constitué une part importante de l’offre cinématographique tout au long du xxe siècle et ont contribué à façonner l’imaginaire des publics.