Du simulacre de la magie au simulacre de l’art

Rencontre avec Jacques Mercier et Hélène Joubert.

"Le talisman est un simulacre de la réalité et l’œuvre d’art l’est aussi. C’était tout particulièrement vrai de Gedewon quand il figurait sur ses talismans les lieux envahis par les esprits poisonneux, créant ainsi des paysages portés par sa vision des mystères terrestres. Gera l’avait précédé dans cette aventure à la lisière de deux mondes vers la modernité, quand il avait accepté d’enseigner l’art des talismans à un élève étranger. Cet enseignement l’avait amené à développer l’aspect sémantique de ses talismans, qui lui inspira en retour des formes jusqu’à ce qu’il pût visionner les images sans le secours de leurs significations et destinations, affirmant ainsi la primauté du dessin et promouvant une double significabilité de ses oeuvres. Gedewon, qui avait aussi précédemment enseigné la poésie rhétorique dans une école de la campagne, se greffa sur la production déjà très personnalisée de Gera et porta aussitôt l’inventivité au plus haut, avec ses talents propres, car il ignorait les limites. L’exposition confronte leur production sur plus d’une vingtaine d’années. Dans les catégories nietzschéennes l’un paraît apollinien, l’autre paraît dionysiaque, mais chacun est essentiellement lui-même."

Jacques Mercier