Le 02 févr. 2025

[COMPLET] Erol Josué

LA LANGUE DES DIEUX (création)

Prêtre vaudou, chanteur, comédien et danseur, Erol Josué puise dans la richesse mythique et culturelle de Port-au-Prince et partage les récits et légendes qui en ont forgé l’identité collective.

Dans La Langue des Dieux, Erol Josué ne chante pas seulement, il ne danse pas simplement. Il laboure, il gratte la terre des mémoires et exhume ce que l’oubli croyait avoir enfoui à jamais. Avec la minutie d’un poète-historien et la ferveur d’un houngan en prière, il s’aventure là où l’histoire hésite à poser les mots : dans les silences stratifiés de l’âme haïtienne, dans les mondes superposés de l’esprit. Ce spectacle, loin d’être une simple performance, devient une excavation. Il cherche, avec obstination, à rendre visiblel’indicible.


Le plateau, sous ses pieds, devient autel. Chaque geste transforme son corps en archive vivante, et la musique, par ses envolées, convoque des esprits qui traversent les âges. Entre le chant sacré qui jaillit du vaudou (mizik rasin), les récits des exils innombrables et la transe des danses incantatoires, Erol Josué ne fait pas que raconter : il réinvente une justice qui défie les lois terrestres. Cette justice n’habite pas les tribunaux du monde matériel ; elle s’inscrit dans cet espace intermédiaire où se croisent les vivants, les morts et les divinités. La Langue des Dieux est née d’une déchirure, d’un exil, mais pas seulement celui des corps : celui des mémoires éclatées, celui des âmes errantes. Josué rend hommage à ceux qui marchent, qui fuient, mais qui, même en dérive, continuent de tresser des ponts entre leurs racines et leurs pertes. Dans cet exil pluriel, il y a une douleur qui refuse la fixité. Elle se fait mouvement, rituel, renaissance. Chaque tambour n’est pas qu’un battement ; il est couture.

Chaque pas de danse ne se limite pas à la scène ; il répare, recolle, tente de recoudre ce que l’histoire, férocement, a déchiré. Erol Josué murmure une vérité que nos sociétés oublient : la justice humaine, trop occupée à régler ses comptes matériels, tourne souvent le dos à l’invisible. Mais le vaudou, lui, ne connaît pas ces cloisons : il relie, il réconcilie. Dans un monde où l’exil est devenu l’état ordinaire des existences, La Langue des Dieux déborde les frontières d’Haïti. Ce spectacle, porté par une douleur universelle, s’adresse à l’humanité tout entière. Il est une quête d’ancrage, un cri pour trouver du sens, une invitation à une catharsis collective. Les vêtements de plastique, portés comme des armures légères, disent tout. Une modernité au rabais, crispée, une écologie de façade qui brille sous les projecteurs du mensonge. Le plastique, peau fausse et criante, s'accroche aux corps comme un verdict : déchet parmi les déchets. Aux marges des frontières, là où refus de visa et barbelés s’entrelacent, gisent ces corps oubliés, figés, plastifiés par l'indifférence. Le spectacle ne joue pas, il accuse.

Benoit d’Afrique, poète et directeur de la revue littéraire et artistique Débridé

    • Voix, performance et direction artistique : Erol Josué
    • Guitare : Alexandre Cabit
    • Percussions : Aidama Josué, Claude Saturne
    • Basse : David Casséus
    • Clavier : Jephté Rubens
    • Comédiens / Danseurs : Kevin Pierre, Samuel Alvin Marcellus
    • Régie technique : Jean-Pierre Nepost
    • Production : Le Cenacle des Treize 
  • Durée :  01:00
  • Lieu :   Théâtre Claude Lévi-Strauss
  • Dates :
    Le dimanche 02 février 2025 à partir de 17:00
  • Public :   Tous publics
  • Categorie : Spectacles
  • Catégorie A
    Plein tarif :  25,00 €
    Tarif réduit :  15,00 €
    Le billet donne accès aux collections permanentes et aux expositions temporaires le jour de la représentation, et aux horaires habituels du musée

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  • Dans le cadre de :   Zombis