spectacle complet

Réquiem para un Alcaraván nous plonge au cœur de la société muxhe de l’État de Oaxaca (Mexique), expression culturelle identitaire du 3e genre qui trouve ses fondements dans la culture millénaire zapotèque préhispanique.

La culture zapothèque, à travers la muxheidad, vit l’homosexualité et les mariages entre personne du même sexe avec certaines contradictions : un muxhe – mot emprunté à l’espagnol mujer (femme) – est un homme qui assume des rôles culturellement destinés aux femmes tant dans la répartition des tâches que sur les plans affectifs, émotionnels et sexuels. La muxheidad est une acceptation sociale voilée et en même temps la célébration de ce qui est encore considéré par certains comme une transgression.

Avec sa performance dansée, Lukas Avendaño invite le spectateur à participer aux « Rites de passage féminins » du muxhe : le mariage traditionnel, l’intendance (La Mayordomía), la guérison (Rezandera), le deuil et la métamorphose. Dans ce dernier rite, l’âme du danseur est incarnée par un oiseau local de l’isthme de Oaxaca, le berelele, en zapothèque ou alcaraván (Burhinusoedicnemus). Chez cette espèce, il arrive que le mâle soit sacrifié par la femelle après l'accouplement.

Lukas Avendaño est un anthropologue et artiste mexicain émergent dont le travail récent interroge l’identité queer des représentations nationalistes mexicaines, tout en incarnant l'identité complexe des muxhe de l'isthme de Tehuantepec (Oaxaca), où il est né. Ses performances qui impliquent souvent la participation du spectateur mêlent les expressions rituelles à des éléments autobiographiques et combattent l’idée largement répandue d'une culture indigène gay-friendly.

© Hugo Canseco